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Une ex-comptable de BNP-Paribas jugée pour avoir détourné plus de 15 millions d'euros
Désoeuvrée, déçue de n'avoir pu bénéficier d'un plan de départ volontaire, elle va rapidement se trouver une occupation: les oeuvres d'art et meubles anciens. "Je suis certaine que s'ils n'avaient pas eu cette attitude, jamais je n'aurais fait ça", a confié l'ancienne comptable, l'allure frêle dans son tailleur pantalon noir. "J'aurais travaillé comme tout le monde".
PARIS (AP) - Quinze millions d'euros: c'est le montant des sommes détournées par une ancienne comptable de BNP-Paribas qui a investi ces fonds, entre 2001 et 2004, dans l'achat de meubles et d'objets de valeur auprès de 27 antiquaires parisiens.
Françoise Hardier, 45 ans, a expliqué mercredi après-midi lors de son procès devant la 13e chambre du tribunal correctionnel de Paris qu'elle avait souffert de sa placardisation après la fusion entre les deux banques en 2000. "Je n'ai pas compris pourquoi je restais après la fusion, sans rien à faire", a-t-elle souligné.
Désoeuvrée, déçue de n'avoir pu bénéficier d'un plan de départ volontaire, elle va rapidement se trouver une occupation: les oeuvres d'art et meubles anciens. "Je suis certaine que s'ils n'avaient pas eu cette attitude, jamais je n'aurais fait ça", a confié l'ancienne comptable, l'allure frêle dans son tailleur pantalon noir. "J'aurais travaillé comme tout le monde".
Mais pendant plus de trois ans, de fin 2001 à 2005, elle va détourner plus de 15 millions d'euros, sans être inquiétée par le contrôle interne de la banque, alors que ses dépenses étaient plafonnées à 100.000 euros. Quand elle dépassait sa limite autorisée, elle utilisait les cartes de ses collègues.
Aujourd'hui poursuivie pour "escroquerie" et "abus de confiance", Françoise Hardier stockait ses acquisitions, notamment une commode Louis XV, un lit à baldaquin et une armoire Boulle, dans un modeste appartement d'une cinquantaine de mètres carrés dans une cité de Montreuil (Seine-Saint-Denis).
A ses côtés, trois antiquaires, sur les 27 auprès desquels elle s'est fournie, comparaissaient également pour recel d'abus de bien de confiance. L'un d'entre eux, François Léage, a expliqué à la barre qu'il était "rassurant" pour lui d'être payé par virement par la BNP-Paribas. Quant à son appartement, il "n'était pas luxueux", mais "elle m'a dit qu'elle cherchait une maison", a-t-il justifié.
"Je n'ai pensé à aucun moment que la BNP pouvait se faire détourner", a souligné ce spécialiste des meubles du XVIIIe siècle. "On n'a jamais entendu dans le milieu de l'art une telle histoire".
Le procureur de la République Nicolas Baïetto a requis quatre ans de prison, dont deux ferme, à l'encontre de Françoise Hardier, estimant qu'il serait "choquant" de limiter sa peine à du sursis "compte tenu de l'ampleur des sommes qui ont été détournées".
Dénonçant la "complaisance" de personnes "aveuglées par l'appât du gain", le procureur a par ailleurs demandé que les antiquaires soient condamnés à des peines allant de 10 mois d'emprisonnement avec sursis et 120.000 euros d'amende à 15 mois de prison avec sursis et 200.000 euros d'amende.
La décision devait être mise en délibéré.
La BNP-Paribas, qui s'était désistée de ses poursuites contre les antiquaires après le rachat par ces derniers des meubles vendus, a plaidé pour que Françoise Hardier soit condamnée à verser un euro de dommages et intérêts à son ancien employeur, tout en reconnaissant des "lacunes dans le contrôle interne des opérations engagées".