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La révolution génétique bouscule la justice criminelle
PARIS (Reuters), extrait - Dix ans après la création d'un fichier judiciaire des empreintes génétiques en France, de nouveaux procédés de recherche d'ADN permettent à la police d'arrêter les auteurs de crimes oubliés et de sortir des innocents des prisons.
Cette évolution scientifique, popularisée par des feuilletons télévisés comme "Les Experts", s'accélère, expliquent les professeurs Olivier Pascal et Christian Doutremepuich. Mais elle pose de nouvelles questions à la justice et exige d'importants moyens financiers.
"Le financement est le nerf de la guerre et tout le monde met en avant cette difficulté", déclare le professeur Pascal, qui fut pionnier de cette technique dans les années 1990.
Le 28 mars dernier, une expertise menée avec un nouveau réactif s'appuyant sur le chromosome sexuel masculin "Y" a amené le ministère de la Justice à déclencher la révision d'une affaire de meurtre de femme au pont de Neuilly, en 2001.
Marc Machin, qui purge une peine de 18 ans de réclusion criminelle pour ces faits, pourrait être libéré en mai. Là où rien n'avait été trouvé en 2001, le procédé a mis au jour sur les vêtements de la victime l'ADN d'un autre homme, David Sagno, venu auparavant s'accuser du crime à la police.
D'autres améliorations de cette technique de l'empreinte génétique, inventée au Royaume-Uni en 1985, permettent depuis peu d'exploiter des traces d'une taille infinitésimale. Elles ont ainsi fait "parler" l'an dernier les vêtements de Sylvie Baton, violée et tuée à Auxerre en mai 1989.
L'ADN retrouvé est celui d'Ulrich Muenstermann, un Allemand déjà emprisonné pour des meurtres en série de femmes. Il a été remis à la France. Son procès est en préparation.
"ÂGE DE PIERRE"
En France, le développement du Fichier national automatisé des empreintes génétiques (FNAEG), qui regroupe aujourd'hui 717.000 profils, conduit un nombre croissant de suspects en cour d'assises. Il a été fatal le 11 avril à un pompier, Robert Greiner, condamné à perpétuité par la cour d'assises du Gard.
Son empreinte génétique, prélevée après une petite affaire de violences et "passée" au fichier, correspondait à une trace retrouvée sur le corps d'une jeune fille violée et tuée en 1987.
Les spécialistes n'en doutent pas, d'autres progrès techniques vont ouvrir de nouvelles portes.