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Israël aurait bombardé des cibles nucléaires en Syrie
VIENNE (AFP) - Le chef de l'AIEA, Mohamed ElBaradei, a tancé vendredi Washington pour avoir tardé à lui communiquer des informations selon lesquelles la Syrie aurait construit un réacteur nucléaire avec l'aide de la Corée du Nord, une affaire qui va faire l'objet d'une enquête.
Les Américains n'ont en effet informé que jeudi l'Agence internationale de l'énergie atomique (AIEA) de leurs soupçons concernant une coopération nucléaire secrète entre Damas et Pyongyang sur la base de renseignements obtenus après la destruction d'une installation en Syrie en septembre dernier par l'armée de l'air israélienne.
"Le directeur général déplore que l'information (sur ces allégations) n'a pas été fournie à l'Agence à temps, conformément aux responsabilités de l'Agence dans le cadre du Traité de non-prolifération (TNP), afin de lui permettre de vérifier la véracité de ces informations et d'établir les faits", a souligné l'AIEA dans un communiqué vendredi.
Mais la Syrie, qui a affirmé que le raid israélien n'avait fait que détruire un "bâtiment militaire désaffecté", a également essuyé les critiques de M. ElBaradei. Il lui a rappelé ses obligations d'avertir l'AIEA de tout projet ou construction d'installation nucléaire conformément à l'accord sur les mesures de sauvegarde conclu avec l'AIEA.
De même, la France a demandé à la Syrie de faire "toute la lumière" sur ses activités nucléaires, après ces accusations américaines.
Après avoir été informé jeudi par Washington de cette affaire, Paris a estimé qu'il "était indispensable que la Syrie fasse toute la lumière sur ses activités nucléaires passées et présentes, conformément à ses obligations internationales, en particulier à l'égard de l'AIEA", selon le porte-parole du ministère des Affaires étrangères Pascale Andreani.
Par ailleurs, M. ElBaradei a dénoncé "l'utilisation unilatérale de la force par Israël" dans cette affaire ce qui "compromet le processus de vérification qui est au coeur même du régime de non-prolifération".
Ceci dit, l'agence atomique va traiter ce dossier "avec le sérieux (qu'il) mérite et va enquêter sur la véracité de l'information", selon le communiqué.
L'affaire a éclaté jeudi après les déclarations d'un responsable américain de la sécurité nationale devant le Congrès sur la destruction d'un réacteur nucléaire en construction en Syrie par un raid aérien israélien le 6 septembre 2007.
Ce réacteur était sur le point d'être achevé, mais n'avait pas encore été muni de combustible à l'uranium, selon les Américains.
La Maison Blanche avait, par la voix de son porte-parole Dana Perino, expliqué qu'elle avait "toutes les raisons de croire que le réacteur, qui a été endommagé au-delà du réparable le 6 septembre, n'était pas destiné à des fins pacifiques".
"Nous sommes depuis longtemps très préoccupés par le programme d'armement nucléaire nord-coréen et ses activités de prolifération. La coopération nucléaire clandestine de la Corée du Nord avec la Syrie est une manifestation dangereuse de ces activités", avait-elle expliqué.
L'AIEA a, de son côté, souligné vendredi que selon les informations fournies par Washington "le réacteur n'était pas encore opérationnel et aucun matériau nucléaire n'y avait été introduit".
Enfin, l'ambassadeur de Syrie aux Etats-Unis, Imad Moustapha, a rejeté vivement les nouvelles accusations américaines : "la dernière fois que des hauts responsables de l'administration américaine sont allés au Conseil de sécurité de l'Onu et ont évoqué des preuves flagrantes d'armes de destruction massive, ils parlaient des armes de destruction massive irakiennes", dont l'existence n'a jamais été démontrée, a-t-il relevé.