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Tension toujours vive après l'acquittement de trois policiers new-yorkais
Vingt-quatre heures après le verdict, l'émotion était vive samedi dans la communauté noire new-yorkaise. La fiancée de Sean Bell a demandé justice, et le révérend Al Sharpton, militant des droits civiques, a promis de "paralyser" New York.
"Nous savons stratégiquement comment faire cesser de fonctionner la ville afin que les gens réfléchissent et se rendent compte qu'on n'a pas le droit d'abattre des civils innocents et non-armés", a déclaré Al Sharpton aux manifestants rassemblés devant le siège de son association. "Cette ville va devoir faire avec le sang de Sean Bell".
Lors de la manifestation à laquelle participaient également des membres de la famille de la victime, plusieurs personnes portaient des pancartes blanches indiquant le nombre de balles reçues par Sean Bell et ses deux amis le 25 novembre 2006.
Les trois policiers new-yorkais -Michael Oliver, 36 ans, Gescard Isnora, 29 ans, et Marc Cooper, 40 ans- étaient accusés d'avoir tiré à près de 50 reprises sur les trois jeunes noirs alors qu'ils se trouvaient dans une voiture à la sortie d'une discothèque le 25 novembre 2006. Les trois jeunes enterraient la vie de garçon de Sean Bell, qui devait se marier le lendemain. Bell avait été tué et ses deux amis blessés.
Pour expliquer l'acquittement, le juge Arthur Cooperman a indiqué que des témoignages inconsistants -principalement de la part d'amis de Bell- et des comportements inappropriés dans la salle du tribunal "avaient eu pour effet d'éviscérer" la crédibilité des témoins. "A certains moments, les témoignages n'avaient tout simplement pas de sens", a-t-il affirmé.
Samedi, Nicole Paultre Bell, fiancée de Sean Bell, a déclaré que "le système judiciaire (l)'a laissée tomber". "Le 25 avril 2008: ils ont tué sean à nouveau", a-t-elle déclaré devant plusieurs centaines de personnes rassemblées devant le siège de l'association d'Al Sharpton. "Voilà l'effet que ça nous a fait".
"Je continue à prier pour la justice car ce n'est pas fini", a ajouté Nicole Paultre Bell, qui s'exprimait pour la première fois depuis le verdict.
Après le jugement, le ministère américain de la Justice a annoncé qu'il étudierait l'affaire et "prendrait les mesures appropriées si les preuves montrent une violation des statuts des droits civiques fédéraux susceptible de poursuite".
Les proches de la victime ont, eux, porté plainte contre la municipalité de New York, et Al Sharpton a menacé de "paralyser la ville" par des actes de désobéissance civile.
"Nous avons encore un long combat", a déclaré samedi Joseph Guzman, blessé par les tirs lors de la soirée du 25 novembre 2006. "Nous allons nous battre".
Après les faits, l'affaire avait déclenché une nouvelle polémique sur l'usage de la violence fait par les forces de l'ordre de New York et leur racisme présumé. Face au climat de tension, les trois accusés avaient opté pour un verdict rendu par le juge plutôt que par un jury. Michael Oliver et Gescard Isnora étaient jugés pour meurtre, tandis que Marc Cooper était poursuivi pour mise en danger de la vie d'autrui.
Oliver avait tiré 31 fois ce soir-là, Isnora 11 fois, et Cooper quatre fois. Les deux premiers risquaient 25 prison, et le dernier un an.
Les autorités craignaient que l'acquittement des trois policiers ait les mêmes conséquences que celui de policiers accusés d'avoir abattu en 1999 Amadou Diallo, un immigré africain de 41 balles. Le verdict avait alors déclenché une vagues de manifestations à New York qui avaient conduit à plusieurs centaines d'arrestations.