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Affaire Prokhorov : trois jeunes femmes russes réclament l'audition des enquêteurs français
GRENOBLE (AP) - L'avocat de trois jeunes femmes russes qui avaient été interpellées en janvier 2007 à Courchevel (Savoie), en même temps que le milliardaire russe Mikhaïl Prokhorov, a demandé mardi à un juge d'instruction de Chambéry l'audition des enquêteurs et même du juge lyonnais chargé de l'enquête pour proxénétisme, a-t-on appris de source judiciaire.
Les trois jeunes femmes âgées de 23 et 26 ans, qui avaient été placées en garde à vue lors de l'opération de police dans la prestigieuse station de ski, entendent demander réparation devant la justice française. Elles avaient obtenu en mai 2007 l'ouverture d'une information judiciaire pour "détention arbitraire".
Selon Me Sorin Margulis, les jeunes femmes "étaient de simples témoins et quand on est témoin, on ne peut pas être placé en garde à vue". Ses clientes, a-t-il dit lors d'une conférence de presse à Chambéry, "veulent savoir qui a pris la décision illégale de les placer en garde à vue et obtenir que ces personnes soient poursuivies et sanctionnées". Le 13 mars dernier, deux policiers ont été entendus comme "témoins assistés" par le juge chambérien, a révélé l'avocat avant d'ajouter qu'ils n'avaient pas été mis en examen.
Vingt-six personnes avaient été interpellées à Courchevel dans le cadre d'une information judiciaire ouverte par le parquet de Lyon pour "proxénétisme aggravé commis en bande organisée et association de malfaiteurs" sur un réseau international présumé de prostitution de luxe. Parmi elles se trouvait le milliardaire russe Mikhaïl Prokhorov, 24e fortune mondiale au classement 2008 du magazine "Forbes".
M. Prokhorov, trois responsables russes de sa société Norilsk Nickel (le vice-président et deux femmes managers) ainsi que le responsable autrichien de l'agence de voyages de luxe VCI Travel, placés sous le statut de témoins assistés, avaient été entendus par le juge d'instruction lyonnais puis relâchés. On indique de source proche de l'enquête qu'aucun délit de proxénétisme n'a été établi pour l'heure dans le cadre de cette affaire. Interrogées, les jeunes femmes ont nié toute exploitation sexuelle, tandis que leurs "clients" avaient évoqué des "relations libres et consentantes".
L'enquête avaient débuté durant l'hiver 2004-2005, après que plusieurs services officiels ont été intrigués par la présence de jeunes femmes, parfois très jeunes, accompagnant des groupes de "skieurs" russes ou débarquant de jets privés sur l'altiport de la station et fréquentant les palaces de Courchevel. Les enquêteurs de l'Office central pour la répression de la traite des êtres humains (OCRTEH) avaient pu établir que ces jeunes femmes se déplaçaient fréquemment via l'agence VCI Travel. En février 2005, l'un des responsables de cette agence, Paul Kirchmair, avait été retrouvé notamment en possession d'un catalogue de call-girls travaillant officiellement pour une agence de mannequins russes.