« Le père incestueux écroué en Autriche, les tests ADN positifs | Michel Fourniret au bout de ses aveux sans s'être expliqué » |
L'Autriche reste perplexe devant son affaire d'inceste et de séquestration
AMSTETTEN (AFP) - La "maison de la torture" de Josef Fritzl, où sa fille fut séquestrée pendant 24 ans avec trois de ses enfants, soulève l'indignation des Autrichiens mais aussi d'innombrables questions sur l'apparente indifférence du voisinage et le rôle de son épouse.
"Un aveu et 1.000 questions" titrait mardi le quotidien Kurier, estimant que la "double vie de Josef Fritzl cachait encore beaucoup de secrets".
Le père incestueux, âgé de 73 ans, qui est passé lundi aux aveux complets, a été placé mardi en détention provisoire. Il a reconnu avoir séquestré sa fille dans une cave et avoir eu sept enfants incestueux, dont un est mort peu après sa naissance.
Les enquêteurs poursuivaient la recherche d'indices dans la cave où étaient séquestrées les victimes à Amstetten (est).
"Personne n'a eu vent de la tragédie et les aveux laissent encore beaucoup de questions sans réponse", selon le journal Salzburger Nachrichten, soulignant l'indifférence habituelle des Autrichiens, qui a pu permettre que se déroule un tel drame dans une petite ville de province.
Pour le quotidien Der Standard, "il est particulièrement choquant et révoltant de savoir que les voisins ne savaient rien, n'ont rien vu, tout en expliquant devant les caméras qu'ils avaient bien eu l'impression qu'il se passait quelque chose d'étrange".
Et l'éditorialiste de s'étonner qu'en règle générale les Autrichiens ne s'émeuvent de ce qui se passe dans leur voisinage que lorsqu'il s'agit de "préserver l'ordre et le calme".
Mais ajoute-t-il, "le plus important maintenant est de savoir comment éviter de tels cas à l'avenir".
Les Autrichiens s'interrogent notamment pour savoir comment José Fritzl nourrissait sa fille et les trois enfants séquestrés, comment sont nés les enfants et comment il a pu cacher ses victimes toutes ces années sans que sa femme ne soit au courant de rien.
L'adoption légale par Josef et sa femme de trois des enfants de l'inceste, prétendument abandonnés sur le seuil de la maison par leur fille disparue, soulève également des interrogations. Pourquoi les services sociaux n'ont-ils pas procédé à des test génétiques pour établir les liens de parenté ?
Le responsable des services sociaux a d'entrée reconnu qu'il ne leur était pas venu à l'esprit de chercher la mère portée disparue dans la cave même du domicile, rebaptisé "maison de l'horreur" par la presse.
Josef Fritzl va devoir encore se soumettre à de longues heures d'interrogatoire dans les semaines à venir, selon la police. Il risque une peine pouvant aller jusqu'à 15 ans de prison pour séquestration, viol et inceste.
Les résultats des tests ADN visant à établir les véritables liens de parenté entre toutes les victimes devaient être connus mardi après-midi.
"Mais ces résultats ne devraient confirmer que ce qu'on sait déjà" , a souligné le chef de la police régionale de Basse-Autriche (est) Franz Polzer, se référant aux aveux du principal suspect.
Les photos du suspect lors de son arrestation ont été largement diffusées par la police et la presse mardi et les enquêteurs espèrent obtenir des témoignages de personnes qui pourraient l'avoir vu faire des courses pour ses captifs.
Les journaux autrichiens ont aussi publié mardi des photos de vacances en Thaïlande de Josef Fritzl dans les années 1990, soulevant la question d'éventuels complices pour s'occuper des captifs en son absence.
Enfin, selon le responsable des services sociaux d'Amstetten Heinz Lenze, la mère, la fille et cinq de ses enfants ont été réunis dans une clinique psychiatrique où ils devront subir des soins probablement pendant "plusieurs semaines".
"Ils sont réunis et vont aussi bien que possible vu les circonstances", a-t-il commenté.