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Docteur, un enfant parfait s'il vous plaît !
Docteur, un enfant parfait s'il vous plaît !
Le Temps, le 16 mai 2008, extraits
La médecine fœtale n'existe pas en tant que spécialité et pourtant aucune population n'est aussi exposée au dépistage de masse que les fœtus. Grâce aux progrès techniques, les spécialistes peuvent détecter très tôt des anomalies chez l'enfant à venir. Un savoir utile mais qui marque la fin de l'innocence pour le couple, qui doit être prêt à choisir s'il gardera son fœtus ou non en cas de malformation. Parents et médecins sont poussés dans une quête du bébé parfait, mais parfait jusqu'à quel point?
... Certains parents ne comprennent pas que l'on puisse manquer une anomalie après les examens prénatals. Ce sont des personnes qui portent plainte si leur bébé n'est pas parfait. Des cas extrêmement rares en Suisse. En France, on en compte une quarantaine par an. Pour éviter ces dérives, il est très important que les parents soient informés des limites des examens, remarque Roger Bessi, pionnier de l'échographie à Paris. «Mais la situation a beaucoup évolué, de plus en plus de gens ont compris que l'on ne peut pas tout détecter. Dans le même temps, les femmes savent bien que l'échographie peut révéler des anomalies. Elles ne viennent plus à cet examen comme pour une photo de famille. Le dépistage chez le fœtus suscite de l'angoisse, mais personne n'y renonce. C'est un peu la caricature de la médecine préventive. Nous devons apprendre à vivre avec ces examens. Si l'on détecte une malformation urinaire chez un fœtus, cela peut permettre de sauver ses reins avec une intervention minime», relève le spécialiste.
Roger Bessi considère qu'il faut désormais essayer de comprendre ce que l'examen prénatal signifie au niveau de la société. «Est-ce que nous sommes là pour éradiquer la trisomie 21 ou pour donner aux familles la possibilité de choisir? C'est une question importante, valable pour toute pathologie, car on peut imaginer que la société décide de ne plus soutenir des parents qui auraient choisi, en connaissance de cause, de laisser naître leur enfant avec un handicap.»