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Le commissariat semblait ne pas vouloir s'exprimer...
Enfant de 9 ans "gardé à vue": un policier témoigne
Par La rédaction du Post, le 21/02/2008
L'après-midi du petit garçon au commissariat de la Goutte d'Or, Paris 18è, le 12 février, embarrasse la police.
Que s'est-il passé le 12 février au commissariat de la Goutte d'Or, dans le 18è arrondissement de Paris ? Vers midi, plusieurs agents se sont rendus à l'école primaire de la rue de Clignancourt. Ils ont embarqué B., 9 ans, pour l'entendre près de 4 h dans les locaux du commissariat. Sa mère, Nadjet B., est outrée et ne compte pas en rester là.
Le commissariat central ne donne "aucune information." Idem au commissariat de la Goutte d'Or : "le commandant est absent aujourd'hui." Du côté du syndicat Unsa-police, on n'est "pas au courant. D'habitude je suis au fait de ce genre de chose, pas cette fois" a déclaré au Post son secrétaire général Joaquin Masanet.
Un fonctionnaire de police connaissant "très très bien" le commissariat de la Goutte d'Or a tout de même accepté de témoigner sur le Post. Il sait certaines choses, mais ne peut tout dire : "je ne suis pas habilité à parler et pourrai faire l'objet d'une sanction si c'était le cas."
Que pensez-vous de cet événement ?
"Il s'agit à première vue d'une grosse erreur d'appréciation sur la finalité de l'affaire, dans la mesure où nous pouvons parler "d'affaire.""
Vos collègues avaient-ils le droit d'intervenir ainsi dans une école ?
"On n'intervient pas comme ça dans une école primaire. Je pense qu'il s'agit d'un problème de présentation des faits. Je vois mal un de mes collègues interpeller un môme de 9 ans dans une école sans réquisition. Il y a un cadre légal à respecter. Pour entrer dans une école, la police doit soit porter assistance, soit intervenir dans un cadre juridique précis."
C'est pourtant ce qu'il s'est passé, non ?
"Il s'agit d'une erreur d'appréciation, peut-être plus. Le gamin a 9 ans, comme le mien. Tout est parti d'une banale histoire de gosses. Ça méritait peut-être pas une intervention de police. L'interpellation était disproportionnée par rapport aux faits."
Quand la plainte a-t-elle été déposée ?
"Je ne sais pas exactement. Mais une chose est sûre, un fonctionnaire ne peut procéder à une interpellation qu'en cas de flagrant délit, ce qui n'est pas le cas, ou en cas de dépôt de plainte d'une personne responsable. Le problème ici ne concerne pas le fait qu'une plainte ait été ou non déposée, c'est la façon dont ça s'est passé. On ne peut pas intervenir dans une école comme ça, il y a un cadre légal à respecter."
S'agit-il d'une bavure ?
"J'ai horreur de ce mot, "bavure." Ce n'est pas le bon terme. Il s'agit plutôt d'une grosse erreur d'appréciation."
Le commissariat semble ne pas vouloir s'exprimer...
"(Rires) Je ne suis pas du tout étonné que le commissariat ne souhaite pas donner de détails là-dessus."
Travaillez-vous dans ce commissariat ?
"Je le connais très très bien. L'arrondissement n'est pas facile du tout. Beaucoup de fonctionnaires là-bas sont des pères de famille. Il ne faut pas oublier qu'un policier en tenue est aussi un père de famille."
Raison de plus pour ne pas intervenir ainsi, non ?
"Je comprends que l'enfant soit traumatisé, tout comme je comprends la réaction de la mère qui a voulu protéger sa fille. Le seul hic de cette "affaire" (il souhaite mettre le terme entre guillemets) est le mode d'intervention."
D'où pourrait venir l'erreur d'appréciation ?
"Je suis fonctionnaire de police en activité. Je ne peux pas en dire davantage, je suis désolé."