« La maladie ne saurait être une raison exclusive de privation des droits familiaux, selon Bachelot | Le droit à une justice civile même à Guantanamo » |
Emotion et interrogations après la mort du petit Enzo
Emotion et interrogations après la mort du petit Enzo
eudi 12 juin 2008 | Le Parisien
Il s'appelait Enzo. Ce petit garçon de 2 ans de Nemours (Seine-et-Marne) est mort le 31 mai, victime des coups de Julien, le nouveau compagnon de sa mère. Hier, l'émotion était forte lors des obsèques du garçonnet, qui ont été suivies par une marche silencieuse poignante.
Familles, amis, collègues de travail... ils sont plus de deux cents à s'être massés dans l'église. Près de l'autel, un petit cercueil blanc, entouré de dizaines de bouquets de fleurs blanches. Un silence pesant. Puis les premiers sanglots, quand le curé de la paroisse fait allusion au drame : « On dresse un chien. Mais un enfant, on l'élève dans l'amour. » Une image forte qui rappelle le calvaire subi par Enzo, frappé à mort par Julien, un maître-chien au chômage. Cécile, sa mère, a assisté à la scène sans intervenir. D'où leur incarcération après une mise en examen pour « violences volontaires aggravées et complicité de coups mortels ».
Hier midi, Serge Dintroz, procureur de la République de Melun, a terminé un rapport complet sur les circonstances de ce drame. Il l'a envoyé au procureur général de Paris, qui rendra ensuite un avis au ministre de la Justice. En effet, les membres de la famille d'Enzo se posent des questions. « Nous pensons que la justice a été négligente dans cette affaire. J'attends beaucoup de cette enquête », affirme Salim, le père de l'enfant. Car ce drame suscite forcément des questions. A commencer par la principale : la mort d'Enzo, qui sortait tout juste de l'hôpital, aurait-elle pu être évitée ?
Le 19 mai, l'alerte est donnée par la nourrice de l'enfant. Elle a remarqué qu'Enzo a une blessure au pied. En l'examinant, les médecins constatent plusieurs hématomes sur son corps. Ils font un signalement au conseil général et au parquet des mineurs de Melun. La mère est entendue par la police. Elle explique que son bébé « est hyperactif et a chuté dans un escalier ».
« Un sentiment d'échec »
Après audition de la famille, le 29 mai, Enzo est rendu à sa mère par une décision conjointe des parquets de Fontainebleau et Melun. Deux jours plus tard, Enzo meurt sous les coups répétés du maître-chien.
Le père de Salim, très ému, affirme : « On a laissé mon petit-fils sans surveillance, pendant deux jours. Il aurait pu être sauvé. » La mère de Cécile est aussi désemparée. « J'étais avec ma fille à l'hôpital pour rechercher Enzo. J'ai cru à sa version. Tout est flou dans ma tête. Ce qui est bizarre, c'est que je n'ai jamais été auditionnée par la brigade des mineurs. »
Le procureur de Melun admet « un sentiment d'échec » dans cette affaire. Mais pas de faute. « Les auditions n'ont pas permis au parquet de Fontainebleau d'ouvrir une information pour violences sur mineur. Malgré ce que dit le père, personne n'a été capable de nous donner la moindre indication. Les propos de la mère semblaient cohérents avec ceux du concubin. Mais le médecin expert de la cour d'appel a conseillé un suivi éducatif. Il y avait quand même un léger doute. Le 29 mai, un juge des enfants devait être saisi pour des mesures de surveillance, qui devaient s'appliquer dès le lundi. Malheureusement, le week-end est arrivé et le drame avec. » Hier, la famille indiquait « qu'elle ne souhaitait pas porter plainte, pour l'instant ».
«La difficulté est de savoir ce qui se passe dans une famille»
Le Figaro, le 09/06/2008, extraits
LE FIGARO. Comment les policiers travaillent-ils ?
Serge DINTROZ. Ils ont auditionné ceux qui s'occupaient de l'enfant : le père, la mère, son nouveau compagnon, les grands-parents et l'assistante maternelle. Toutes leurs déclarations ont paru cohérentes. Les policiers n'ont pas pu lever cette zone d'ombre pointée par les médecins. Certes, ils ne se sont pas attardés sur le concubin, car ce dernier avait rencontré la maman d'Enzo trois semaines plus tôt. Ils ne vivaient pas sous le même toit. Sa personnalité violente n'a été décelée qu'après l'homicide. Les enquêteurs n'ont pas failli dans leur mission.
Allez-vous reconsidérer vos méthodes de travail ?
Cette affaire traduit toute la difficulté de savoir ce qui se passe dans une famille. Avec les médecins rencontrés lundi, on a désormais décidé de se parler, quand il y aura une suspicion de maltraitance. Les courriers ne suffisent pas pour sentir une affaire. Certes, le personnel hospitalier s'était entretenu avec les policiers mais il est nécessaire de croiser les regards. J'ai donné aussi consigne à la section des mineurs de mon parquet de recourir davantage aux placements des enfants dès qu'une zone d'ombre sera relevée. La semaine dernière, un mineur a ainsi été placé. Des décisions difficiles à prendre car on s'attire les foudres de la famille.
1 commentaire
http://fr.wikipedia.org/wiki/Maltraitance_sur_mineur