« Le droit à une justice civile même à Guantanamo | En drôme : « Si vous bougez, ça va mal se terminer » » |
« C'est une caricature », selon l'AFD
NIORT (AP) - Un juge aux affaires familiales du tribunal de grande instance de Niort (Deux-Sèvres) a refusé le droit "de visite et d'hébergement élargi" que demandait un père atteint de diabète au motif du risque que sa maladie ferait courir à son fils de deux ans, a-t-on appris jeudi de source judiciaire.
Le magistrat niortais a estimé que le diabète du père "mérite que l'on fasse preuve de la plus grande prudence". Il a ajouté: "l'enfant peut se retrouver dans une situation dramatique si son père venait à faire un malaise (coma diabétique). Un malaise en voiture pouvant avoir des conséquences dramatiques pour le père et l'enfant, sans parler des autres usagers de la route".
Une décision que n'accepte pas l'avocat du père, Me Bruno Poupot, qui a décidé de faire appel: "C'est une position de principe par rapport à la maladie. Nous allons critiquer le raisonnement du juge qui en méconnaît la réalité et qui ne s'articule qu'autour du diabète. En dehors, de cet argument, rien d'autre ne fonde la décision", a-t-il déclaré à l'Associated Press.
Le juge a donc décidé de n'accorder qu'un droit de visite très limité au père de l'enfant, âgé de 51 ans, à savoir une visite le mercredi après-midi et une autre un samedi sur deux.
"C'est très douloureux pour moi et mon fils", s'insurge le père, qui a requis l'anonymat. "On me refuse pour un prétexte fallacieux le droit d'avoir des relations normales avec mon fils, faire les petits gestes du quotidien comme le plaisir de lire une histoire avant de se coucher".
Dans un communiqué, l'Association française des diabétiques (AFD) se dit "profondément indignée" par le jugement dont est victime ce père atteint de diabète. "Des millions de personnes travaillent, élèvent leurs enfants, en un mot vivent quotidiennement avec le diabète. Cette vérité, il faudra bien que tous les employeurs, les décideurs de tous ordres et certains juges des Affaires familiales finissent par l'entendre".
Pour le secrétaire général de l'AFD, le Pr Patrick Vexiau, chef du service de diabétologie à l'hôpital Saint-Louis à Paris, "les phrases qui ont été utilisées dans ce jugement sont un outrage aux patients atteints de diabète". Selon lui, "ce jugement qui affirme qu'un conducteur diabétique est dangereux pour son fils et donc pour les autres usagers de la route est profondément choquant. C'est une caricature qui ne doit pas faire jurisprudence".
La cour d'appel de Poitiers examinera cette affaire le 30 octobre.