« Incertitudes après l'agression d'un jeune juif à Paris | Incendie au centre de rétention de Vincennes » |
CRA de Vincennes : RESF sur le banc des accusés ?
PARIS (Reuters) - Le porte-parole de l'UMP, Frédéric Lefebvre, a provoqué lundi un tollé en s'en prenant aux associations de défense des sans-papiers, notamment RESF, qu'il accuse d'être en partie responsables de l'incendie du centre de rétention de Vincennes (Val-de-Marne) dimanche.
Dans un communiqué, le député des Hauts-de-Seine demande que "toutes les conséquences soient tirées y compris au plan judiciaire si la responsabilité de membres de collectifs comme RESF était avérée".
L'incendie a presque détruit dimanche après-midi les deux bâtiments du centre de rétention administratif de Vincennes, un des plus grands de France, où étaient enfermés 273 étrangers sans papiers en instance d'expulsion.
Le sinistre a été déclenché après le décès d'un Tunisien, retrouvé mort d'une crise cardiaque dans sa chambre samedi.
Une quinzaine d'étrangers auraient profité du chaos pour prendre la fuite. Le reste des internés administratifs ont été transférés en car ou en train vers les centres de Palaiseau, Lille et Nîmes.
Selon plusieurs témoins, des retenus auraient mis le feu à des matelas alors que se déroulait à l'extérieur une manifestation de soutien.
"Il n'est pas tolérable que des 'collectifs', type RESF, viennent faire des provocations aux abords de ces centres au risque de mettre en danger des étrangers retenus", souligne le porte-parole de l'UMP dans son communiqué.
Il réclame "la plus grande fermeté contre les collectifs qui se livrent à ce type d'actions à proximité de lieux où ils n'ont absolument rien à faire".
"DÉLIRE"
"Le véritable scandale n'est pas que quelques centaines d'hommes désespérés aient incendié leur prison. Il est dans leur internement administratif, prélude à leur expulsion", réplique RESF dans un communiqué.
"L'explication aux événements d'hier à Vincennes est là, dans le désespoir total de chacun des enfermés et dans la concentration du malheur dans une centaine de cellules", souligne Réseau éducation sans frontières.
S'en prendre aux associations, "quel délire!", dénonce le Parti communiste pour qui "l'aveuglement sécuritaire de cette droite leur fait décidément perdre la raison".
"L'incendie regrettable du (centre de Vincennes) n'est que le symptôme d'une désastreuse politique du chiffre ou l'essentiel est toujours plus de s'acharner sur les sans-papiers coûte que coûte, l'humanitaire devenant quantité négligeable", souligne le communiqué communiste, qui se joint à l'appel à manifester du Mrap mardi soir devant ce qu'il reste du centre de rétention.
Pour le député socialiste Pierre Moscovici, la politique d'immigration de Nicolas Sarkozy et Brice Hortefeux "risque d'aboutir à la multiplication de ce type d'accidents".
"Ce que montre cet accident très grave, c'est qu'on ne peut pas traiter les immigrés, quelle que soit la situation légale, illégale, dans des conditions humaines", a-t-il déclaré sur France Info. "Il est important que quelqu'un qui est immigré, qui vit sur notre sol, puisse voir ses droits pleinement respectés", a-t-il ajouté.
Les Verts de leur côté s'adressent au tout nouveau Contrôleur des lieux de privation des libertés, Jean-Marie Delarue, nommé ces derniers jours, pour qu'il se saisisse "en urgence" de la situation des retenus de Vincennes.
"L'incendie du centre de rétention de Vincennes est le résultat d'une situation explosive et indigne, connue et provoquée par le gouvernement", estime la secrétaire nationale du parti écologistes, Cécile Duflot.