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Incertitudes après l'agression d'un jeune juif à Paris
PARIS (Reuters) - L'enquête sur l'agression à Paris d'un jeune homme de confession juive de 17 ans n'avait pas encore fait la lumière lundi soir sur les mobiles des auteurs et s'intéressait aux querelles entre groupes communautaires dans le XIXe arrondissement, a-t-on appris de source judiciaire.
Les gardes à vue de cinq mineurs de 14 à 17 ans résidant dans cet arrondissement étaient toujours en cours dans la soirée. Ces derniers ne figurent pas parmi les auteurs de l'agression mais ils semblent avoir été présents sur les lieux, précise-t-on de même source.
L'agression du jeune homme, roué de coups samedi soir par plusieurs personnes, semble être intervenue au terme d'une journée d'affrontements sporadiques opposant des groupes de jeunes Juifs d'une part, de jeunes Noirs et Maghrébins d'autre part, selon la police.
Les bagarres auraient été motivées initialement, selon la mairie du XIXe, par un litige sur un scooter volé. On ignorait lundi soir si la victime était ou non impliquée dans les bagarres. "Il faut se garder de toute présentation manichéenne de l'affaire", souligne la même source judiciaire.
Le jeune homme, qui souffre de plusieurs côtes cassées et de fractures au crâne, a été hospitalisé à Cochin. Il est sorti du coma lundi, mais on ne peut encore se prononcer sur d'éventuelles séquelles, précise l'Assistance publique dans un communiqué.
L'adolescent avait été arrêté en décembre en marge d'une réunion à Bercy. Il est poursuivi pour "violences avec armes par destination" et se trouve sous contrôle judiciaire.
DEUX VERSIONS
Deux versions de l'affaire s'affrontent. Selon la première, défendue par les associations confessionnelles juives, l'adolescent, qui marchait rue Petit, a croisé par hasard le chemin d'un groupe d'une trentaine de jeunes et a été pris à partie par plusieurs d'entre eux et roué de coups.
Toujours selon cette première version, le jeune homme aurait été identifié comme juif parce qu'il portait une kippa.
Selon la seconde version, il ne s'agirait pas d'une agression isolée mais d'un développement des affrontements entre groupes de jeunes, dont un survenu juste avant que le jeune homme soit blessé.
Une autre bagarre a éclaté après l'agression de l'adolescent. Selon des informations non confirmées par les enquêteurs, un autre jeune Juif blessé aurait décidé de ne pas porter plainte en raison du shabbat.
Les commentaires sur cette affaire étaient en général plus prudents lundi que dimanche. Le caractère antisémite des faits est "probable" mais "pas certain", a ainsi déclaré Gilles Bernheim, élu dimanche Grand rabbin de France en remplacement de Joseph Sitruk.
La Ligue des droits de l'homme a de son côté mis l'accent dans un communiqué sur "le risque d'une communautarisation et d'une ethnicisation des violences" et appelé la famille de la victime "à lutter contre le cercle vicieux des violences, des peurs et des enfermements". .
Le nouveau président du Conseil français du culte musulman élu dimanche, Mohammed Moussaoui, a condamné "de la manière la plus ferme" ce qu'il a qualifié "d'acte ignoble". Il a lancé "un appel solennel pour que le dialogue entre toutes les familles religieuses de France soit renforcé".
En déplacement en Israël, le président Nicolas Sarkozy a réitéré lundi la version d'un acte antisémite.
"J'ai été particulièrement choqué de ce qui est arrivé à un jeune Français il y a quelques jours sous le seul prétexte qu'il portait une kippa. Une bande de voyous l'a agressé", a dit le chef de l'Etat lors d'une rencontre avec les Français d'Israël.
"Qu'on parte pour vivre en Israël par conviction, je respecte profondément ce choix. Mais je n'accepterai pas qu'un seul Juif de France parte parce qu'il a peur, parce que les Juifs de France sont les bienvenus en France qui est leur pays" a-t-il ajouté.