« L’hallucinante soirée du père accusé d’avoir volé son bébé | CRA de Vincennes : le débat se poursuit » |
Un acte antisémite, selon des communiqués du ministère de l'Intérieur
PARIS (AFP) - Une enquête judiciaire a été ouverte mardi pour "tentative de meurtre aggravée par le caractère antisémite" après l'agression du jeune juif de 17 ans, grièvement blessé ce week-end à Paris lors d'un affrontement entre groupes communautaires rivaux, a annoncé le procureur de la République de Paris.
Cette enquête a également été ouverte pour "violences en réunion avec circonstances aggravantes", a ajouté le procureur, Jean-Claude Marin lors d'un point presse.
Il a précisé que le jeune juif de 17 ans, Rudy H., toujours hospitalisé, avait été blessé au cours d'un affrontement auquel il avait participé.
Dans l'après-midi de samedi, plusieurs rixes avaient opposé des jeunes maghrébins et noirs à de jeunes juifs. La bagarre au cours de laquelle Rudy a été blessé aurait été la troisième de la série.
M. Marin a expliqué que cette agression s'inscrivait dans des affrontements entre groupes rivaux avec un "antisémitisme par incidence".
"De manière assez primaire, on a une sorte d'identification à une communauté présupposée africaine ou noire d'un côté, à une communauté juive de l'autre. C'est un antisémitisme par incidence", a déclaré M. Marin.
"On ne retient pas une volonté d'agresser particulièrement une personne d'origine juive, mais un membre de cette bande de jeunes juifs", a-t-il ajouté, en précisant que lors de l'agression "des insultes antisémites ont fusé de même que dans d'autres bagarres des insultes racistes".
Ce cadre légal permettra au juge d'instruction nommé d'entendre cinq mineurs déférés lundi soir au parquet de Paris en vue de leur éventuelle mise en examen ou placement sous statut de témoin assisté.
Selon les premiers témoignages recueillis par les enquêteurs, leur participation directe à l'agression ne semble pas avérée. "Il n'y a pas d'éléments pour leur imputer des violences actives", avait affirmé auparavant à l'AFP une autre source proche du dossier, selon laquelle les cinq jeunes pourraient avoir été de simples témoins des faits.
Rudy H., la tête couverte d'une kippa, a été blessé au cours d'une bagarre survenue rue Petit, près du parc des Buttes-Chaumont, dans le XIXe arrondissement de la capitale.
Il a été maintenu dans le coma pendant 36 heures, après qu'on lui eut "sauté à deux pieds dessus" au sol, selon un témoin. Lundi, l'Assistance publique-Hôpitaux de Paris (AP-HP) avait précisé qu'il n'était "pas encore possible de statuer sur d'éventuelles séquelles".
L'agression a été qualifiée d'antisémite par plusieurs organisations et le nouveau Grand rabbin de France, Gilles Bernheim.
En visite en Israël, le président Nicolas Sarkozy s'est dit "particulièrement choqué de ce qui est arrivé à un jeune Français, sous prétexte qu'il portait une kippa".
Des riverains témoins de la scène semblaient pencher pour la thèse du "règlement de comptes" entre jeunes juifs et jeunes noirs, qui seraient habitués à en découdre dans ce quartier populaire.
L'adolescent agressé était déjà connu de la justice pour des "incidents à caractère intercommunautaire" en décembre 2007 à Paris.
Il avait été placé sous contrôle judiciaire après une mise en examen pour des violences, et savait "qu'il devait se tenir tranquille", a déclaré mardi à l'AFP son avocate Me Francine Berrebi-Freoa, en précisant qu'une instruction était toujours en cours.
Pour Mourad Arifa, un patron de café qui a été témoin de l'agression, la bagarre a éclaté après une course-poursuite entre plusieurs bandes.
"Une vingtaine de jeunes juifs très excités disaient +on va les taper, on va les niquer+ (...) C'est un règlement de compte entre petites bandes", a-t-il affirmé à l'AFP.