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Carcasonne : « il y a de toute façon une certitude »
« Des personnes ont commencé à tomber autour de moi »
lundi 30 juin 2008 | Le Parisien
« LES PREMIÈRES RAFALES ont été tirées à blanc. Tout se passait normalement, puis il y a eu la séquence de la libération des otages. C'est seulement au moment où des personnes ont commencé à tomber autour de moi que je me suis aperçu que c'était des balles réelles. », raconte James, présent sur les lieux du drame. Il s'agissait de la dernière « démonstration dynamique » de la journée. Celle qui devait clore un week-end de fête au 3e RPIMA de Carcassonne qui organisait ses portes ouvertes. Il n'est pas tout à fait 17 heures. Soudain, au milieu du bruit assourdissant des tirs, des cris montent de la foule massée autour du stade où avait lieu cette simulation d'assaut. Une rafale d'arme automatique vient d'atteindre 15 spectateurs et deux militaires. Quelques minutes plus tard, le plan rouge est déclenché. Le bilan est lourd et sans précédent pour une telle manifestation.
« Avec l'habitude on devient parfois moins vigilant »
Hier soir, deux hypothèses se dégageaient pour éclaircir un drame que tous les militaires jugent « inconcevable ». Soit une erreur dans la manipulation des chargeurs qui pourrait expliquer que des balles réelles se retrouvent là où il ne devrait y avoir que des munitions à blanc. Soit un « geste délibéré » du militaire, un sergent, qui a utilisé l'arme. Cet homme a immédiatement été placé en garde à vue par les gendarmes saisis par le parquet de Carcassonne.
« Abasourdi », un ancien militaire des commandos parachutistes refuse de croire à l'accident. « Le groupement des commandos parachutistes, c'est l'élite d'un régiment d'élite. Ces hommes-là vivent presque 24 h/24 avec leur arme. Ils connaissent tout des procédures de sécurité. » Des procédures apparemment très strictes. « Le premier geste avant un tel exercice c'est de mettre l'arme en sécurité et d'extraire son chargeur, explique un militaire. Ensuite, on approvisionne le chargeur soi-même avec les munitions à blanc qui sont différentes évidemment des balles réelles. »
Le militaire en question a-t-il pu confondre un chargeur qu'il avait préalablement sur lui avec un des chargeurs destiné à l'exercice ? « C'est une éventualité. Mais si c'est le cas il s'agit d'une erreur de débutant, ce qui paraît hautement improbable dans un tel régiment », assure une source au ministère de la Défense. « Avec l'habitude on devient parfois moins vigilant, rappelle un ancien officier. Il s'agissait de la dernière démonstration du week-end. »
Le très lourd bilan occasionné par le tir s'explique par la nature de l'arme utilisée. Un fusil d'assaut automatique qui, positionné en « mode rafale », envoie une quinzaine de balles en une seule pression sur la détente. « Dans ce genre de démonstration, les fusils sont en mode rafale. Il faut faire du bruit pour le show comme lorsqu'on tire sur des acteurs dans un film », confie un officier.
L'enquête judiciaire confiée à la gendarmerie et celle dite de commandement diligentée par l'état-major de l'armée de terre vont devoir « expliquer l'inexplicable », comme le résumait hier soir un officier. « Il y a de toute façon une certitude : ce sous-officier ne devait pas détenir de munitions réelles sur lui, assurait une source proche de l'enquête. Maintenant, il faut savoir où et par qui les erreurs ont été commises et envisager toutes les hypothèses, y compris celle d'un coup de folie du militaire en question. »