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Accident de Laffrey : vers un incident diplomatique ?
Accident de car de Laffrey
Les contradictions de l'enquête
mercredi 23 juillet 2008 | Le Parisien, extrait
Un risque d'incident diplomatique
Du côté de l'enquête, le procureur adjoint du parquet de Grenoble, Luc Fontaine, a surpris tout le monde en déclarant qu'une première expertise n'avait mis en évidence « aucun problème d'entretien du car ». « Objectivement, faute d'éléments nouveaux, ce sera le non-lieu », a-t-il ajouté. Or les conclusions de cette première expertise, révélée le 20 mars par « le Parisien » et « Aujourd'hui en France », faisaient apparaître de graves carences concernant l'entretien du système de freinage du car.
Les experts de l'Institut de recherche criminelle de la gendarmerie nationale (IRCGN) ont constaté « des fêlures importantes sur les disques de freins dont certaines antérieures à l'accident » et « une usure anormale des plaquettes de freins » qui pourrait être la conséquence « du changement d'un seul jeu de plaquettes sur un essieu, ce qui est strictement interdit ».
Autre problème de taille : « il manquait 1,7 l d'huile sur le ralentisseur du car, ce qui implique qu'il ne pouvait pas fonctionner de façon optimale, voire devenir inopérant ». La juge chargée du dossier a demandé « des actes techniques complémentaires ». Leurs résultats ne seront connus qu'à l'automne. Pourquoi, dès lors, cet empressement du procureur à envisager un non-lieu qui d'ailleurs relève de la décision du seul juge d'instruction ?
Selon une source proche du dossier, « les autorités polonaises ont fait savoir à la France qu'elles souhaitaient que le dossier judiciaire soit bouclé rapidement pour faciliter l'indemnisation des familles. Les bonnes relations diplomatiques entre les deux pays sont en jeu »...
La justice française ne semble effectivement plus très motivée pour rechercher des responsabilités dans cette catastrophe où toutes les victimes sont polonaises. De telles investigations prendraient des années et demanderaient une enquête approfondie en Pologne, notamment auprès du propriétaire du car. Suivant aveuglément son GPS, le chauffeur décédé dans l'accident avait ignoré treize panneaux d'interdiction avant de se lancer dans la descente de Laffrey. Pour la justice, il ne faut visiblement pas chercher ailleurs les raisons de cette tragédie.