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Suisse : il grimpe sur le toit de la prison pour crier son désespoir
Un détenu a crié hier sa détresse sur le toit de la prison d’Orbe. Condamné à 20 mois d'internement en 2001, cela fait 8 ans qu’il est en prison. Histoire d'un prisonnier pas comme les autres, dont le cas a récemment été porté devant la Cour européenne des droits de l'homme.
Le Matin Bleu - le 24 juillet 2008, 10h27
Allant jusqu’à craindre une mutinerie à Bochuz (VD), d’importantes forces policières ont été mobilisées hier pour déloger l’homme qui menaçait de sauter depuis le toit de la prison. V., un Suisse de 28 ans, avait été condamné en 2001 à 20 mois de prison pour vol, rixe, coups et blessures. Mais pourquoi croupit-il depuis 8 ans en prison?
Lors de sa promenade, il s’est hissé sur le toit de la prison des Etablissements de la plaine de l’Orbe, mardi vers 10 h. Il y est resté durant un jour en menaçant de se jeter dans le vide. Il a été maîtrisé hier vers 15 h. «C’est un acte désespéré pour se faire entendre», témoigne son avocat Nicolas Mattenberger.
La situation de son client est «extraordinaire». En 2001, ce Lausannois (originaire de Bâle-Campagne) a été condamné pour rixe, coups et blessure et vols. «De la petite délinquance, comme il y en a tous les jours», commente l’avocat. Son client en prend pour 20 mois, mais sa peine est commuée, pour des raisons psychiatriques, en internement pour une durée indéterminée.
Cas réévalué chaque année
C’est ainsi que le détenu V., plus de huit ans après sa condamnation peu importante, croupit toujours dans un quartier de haute sécurité. Sa situation est évaluée chaque année (la dernière fin 2007), mais le détenu est invariablement considéré comme «dangereux» par les autorités.
C’est que les relations de V. (aujourd’hui âgé de 28 ans) avec l’univers pénitentiaire ne sont pas simples. Il refuse les traitements du service psychiatrique de la prison avec lequel il est entré en conflit. En 2005, il a mis le feu à sa cellule. Récemment, il a déposé une plainte contre ses gardiens pour mauvais traitements.
Nicolas Mattenberger veut débloquer le dossier. Il a fait recours au Tribunal fédéral contre le refus de sa demande de réévaluation de l’expertise psychiatrique, vieille de 2000.
Pour le conseiller d’Etat Philippe Leuba, ce cas ne remet pas en question le système d’internement. La population n’admettrait pas que l’on fasse sortir des gens qui sont encore dangereux.
Il n’empêche qu’une avocate parisienne s’intéresse au détenu V.. Elle a porté l’affaire devant la Cour européenne des droits de l’homme qui devra se prononcer.