« Nicolas Sarkozy : « je ne comprends pas la polémique » | Les ostréiculteurs d'Arcachon manifestent » |
JO : manifestations tout terrain de RSF
PARIS (AP), extrait - Célébrant à sa façon l'ouverture des Jeux olympiques de Pékin, Reporters sans frontières (RSF) a mené vendredi une journée d'action pour protester contre le régime chinois. RSF a organisé des rassemblements dans plusieurs villes du monde, ainsi qu'une "cybermanifestation" sur l'Internet, et a piraté les ondes radio chinoises pour diffuser un appel au respect de la liberté d'expression.
A Paris, plusieurs centaines de personnes se sont rassemblées dans le quartier de l'ambassade de Chine, dans le VIIIe arrondissement à l'appel de RSF, mais n'ont pu approcher de l'ambassade, malgré un jugement du tribunal administratif autorisant la manifestation.
PEKIN (Reuters) - Quelques heures avant l'ouverture des Jeux olympiques de Pékin, vendredi, plusieurs actions isolées sont venues dénoncer la situation des droits de l'homme en Chine, l'organisation Reporters sans frontières (RSF) se situant en première ligne de cette contestation.
... "La Chine est un pays où la censure est stricte et notre but dans cette diffusion est de critiquer le gouvernement chinois", pouvait-on entendre d'abord en mandarin, puis en français, lors d'une interruption des programmes de la radio.
"Nous voulons dire au gouvernement chinois que le jour où les Jeux olympiques s'ouvrent, les gens peuvent toujours entendre des voix que le gouvernement souhaiterait faire taire."
La lecture du communiqué a duré une dizaine de minutes et le message a été diffusé dans différents quartiers de la capitale chinoise.
Selon RSF, c'est la première fois qu'un programme est diffusé sans le contrôle de l'Etat chinois depuis 1949 et la prise de pouvoir du Parti Communiste.
A Pékin, RSF a diffusé sur les ondes chinoises un appel au respect de la liberté d'expression, après avoir piraté une fréquence FM.
NANTES (AP), extrait - La mairie de Nantes a dénoncé vendredi la demande de la préfecture de Loire-Atlantique d'ôter le drapeau tibétain qui orne le fronton de l'hôtel de ville depuis le 28 mars dernier.
"C'est hors de question", s'est insurgé Jean-Marc Ayrault, le député-maire de Nantes, en précisant à l'Associated Press qu'il était "surpris par une telle mesquinerie".
"Le jour même de l'ouverture des jeux, recevoir cet appel de la préfecture, je suis tombé des nues", a regretté le député-maire qui n'a pas l'intention de céder. "C'est du Courteline. Si vraiment on veut nous le faire enlever, il faudra faire appel à la force publique", a-t-il prévenu.
PARIS (Reuters) - Un drapeau représentant les anneaux olympiques sous forme de menottes a été déployé vendredi face à l'ambassade de Chine à Paris et des fumigènes rouges ont été allumés en direction de la tour Eiffel pour protester contre la cérémonie d'ouverture des JO de Pékin.
Plusieurs centaines de personnes ont pris part à deux manifestations dans le centre de la capitale française à l'appel d'organisations de défense des droits de l'homme ou de soutien à la cause tibétaine.
Sur la place du Trocadéro, des drapeaux ouïghours - minorité musulmane et turcophone qui lutte contre la tutelle chinoise - flottaient sur le parvis des droits de l'homme à côté de ceux Tibet, brandis par des réfugiés venus parfois en famille.
A l'approche des Jeux, "la vie au Tibet est devenue encore plus difficile", raconte Sonam, 19 ans, réfugiée en France depuis six ans.
Certains habitants de Lhassa sont assignés à résidence alors qu'ils n'ont pas l'eau courante et les communications téléphoniques passent de plus en plus mal, explique la lycéenne qui vient de passer son bac de français.
Quand elle tente de joindre sa tante qui prend soin de son petit frère, jugé trop petit pour fuir le pays par les montagnes, "des fois, c'est un Chinois qui décroche."
En contrebas, quatre militants portant des t-shirts "Free Tibet" ont allumé des fumigènes rouges au pied des escaliers du parvis, envoyant un éphémère nuage écarlate en direction de la tour Eiffel.
"SARKO COLLABO"
"Ce qui se passe au Tibet, c'est un génocide pur et dur et personne ne réagit", déplore Nicolas, étudiant parisien. A ses yeux, la cérémonie d'ouverture, "c'est une provocation".
En fin de matinée, l'organisation Reporters sans frontières (RSF), qui appelait à des rassemblements dans une dizaine de capitales occidentales, a finalement obtenu d'un tribunal le droit de manifester aux abords de l'ambassade de Chine.
L'avenue George V, proche des Champs-Elysées, a cependant des allures de camp retranché. Des camions anti-émeute CRS barrent l'artère ombragée, sous les yeux des clients des hôtels de luxe.
Du restaurant Fouquet's, où Nicolas Sarkozy avait fêté sa victoire à la présidentielle en mai 2007, à la rue de Trémoille, qui donne sur l'ambassade, 200 à 300 personnes, selon les organisateurs, ont défilé au cri de "Hu Jintao assassin, Sarko collabo", ou "Jeux de Pékin, jeux de la honte".
Comme lors du passage de la flamme olympique à Paris, un militant a escaladé à mains nues l'un des immeubles pour déployer le grand drapeau noir symbole de l'organisation portant cinq grandes menottes blanches.
A 14h08, quand démarre la cérémonie dans le stade olympique de Pékin, les manifestants s'allongent sur les pavés et observent une minute de silence pour réclamer la liberté en Chine et au Tibet.
Seuls politiques à faire le déplacement, plusieurs élus Verts sont venus avec leur écharpe tricolore.
Denis Baupin, adjoint écologiste au maire de Paris, déplore le parcours d'obstacles judiciaires qu'il a fallu franchir pour avoir le droit de manifester et s'en prend au président français qui s'est rendu en Chine pour la cérémonie.
"On ne peut pas il y a quelques jours célébrer Soljenitsyne en disant qu'il a eu le courage dans le silence global d'oser dire ce qui se passait en Union soviétique et quelques jours plus tard être aux côtés de Hu Jintao", le président chinois, estime-t-il.
Bras de fer autour du drapeau tibétain entre mairie de Nantes et préfecture
LEMONDE.FR / AFP 08.08.08 | 19h38
La mairie de Nantes s'est "indignée" vendredi d'une demande téléphonique de la préfecture de Loire-Atlantique la "sommant" de retirer un drapeau tibétain hissé depuis quatre mois, et a rétorqué au préfet que "s'il voulait l'enlever, il devrait avoir recours à la force publique".
"Le préfet nous a sommés de retirer le drapeau au motif qu'il gênait l'Etat français", a indiqué à l'AFP, la porte-parole de la mairie Aline Cherrey. "Nous sommes surpris et indignés par cette demande", a-t-elle poursuivi.
Depuis son lieu de vacances, le maire PS de Nantes, Jean-Marc Ayrault, a immédiatement fait répondre au préfet qu'il "refusait de retirer le drapeau", a indiqué la porte-parole. "Si le préfet souhaite retirer le drapeau tibétain, il devra avoir recours à la force publique", a poursuivi M. Ayrault cité par la porte-parole.
Joint plus tard dans la soirée par téléphone, le secrétaire général de la préfecture des Pays-de-la-Loire, Michel Papaud, a qualifié cette affaire "d'erreur" et de "malentendu complet", évoquant également un "excès de zèle".
"Nous n'avons rien demandé de tel", a-t-il affirmé. Un responsable de la préfecture a effectivement appelé la mairie de Nantes vendredi après-midi pour évoquer l'organisation de la visite du dalaï lama à Nantes, mais il a simplement "rappelé qu'il ne devait pas y avoir de pavoisement sur des édifices relevant de la responsabilité de l'Etat", a précisé M. Papaud.
La mairie de Nantes a toutefois reconfirmé vendredi soir à l'AFP qu'il y avait bel et bien eu "une demande expresse" de la préfecture de retirer le drapeau tibétain du fronton de la mairie de la ville, qui n'est aucunement, a-t-elle souligné, un édifice relevant de l'Etat.
Le drapeau tibétain avait été hissé sur le fronton de la mairie de Nantes le 28 mars lors de émeutes de Lhassa.
Le dalaï lama, chef spirituel des Tibétains, sera à Nantes du 15 au 20 août pour y faire un grand discours et dispenser des conférences dans le cadre d'une visite en France qui coïncide avec les JO de Pékin. Il sera reçu à la mairie dans ce cadre.
Les nombreuses manifestations pro-tibétaines des derniers mois en France, notamment lors du passage de la flamme olympique à Paris, ont créé des tensions entre Pékin et Paris, que le gouvernement français s'est efforcé de dissiper avant la cérémonie d'ouverture de JO à laquelle a participé vendredi le président Nicolas Sarkozy.