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La « question noire » française au miroir américain
Suicide d'un salarié licencié
Source : AFP, 22/09/2008, extrait
Un salarié de l'entreprise Klarius (ex-Rosi, pots d'échappements) de Dreux (Eure-et-Loir) a mis fin à ses jours après l'annonce de la liquidation judiciaire de la société, a-t-on appris de sources syndicales.
L'homme de 45 ans, salarié chez Klarius depuis 25 ans, n'aurait pas supporté de perdre son emploi, d'après la lettre qu'il a laissée à ses proches, quelques heures après une réunion d'information de la direction vendredi après-midi, précise-t-on de mêmes sources.
09-09-2008, lyonmag.com
Affaire Siné : l'audience renvoyée au 27 janvier
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La "question noire" française au miroir américain
LE MONDE | 20.09.08 | Extrait
Au début du XXe siècle, des écrivains noirs américains voyaient dans la France un exemple en matière de lutte contre les discriminations. Comment expliquer qu'aujourd'hui Barack Obama soit en position d'être élu président, alors que, dans notre pays, hors DOM-ROM, il n'y a qu'une seule députée noire ?
C'est certain, les Etats-Unis donnent l'impression d'avoir beaucoup plus avancé que la France en cinquante ans. Hier, il y avait la ségrégation, aujourd'hui il y a Barack Obama. Cela s'explique par une politique volontariste qui s'appelle l'"affirmative action" (discrimination positive), qui a donné des résultats certes insuffisants, mais importants. Au-delà du cas Obama, deux chiffres donnent un peu la mesure de cette évolution sociale : en 1960, 13 % des Afro-Américains appartenaient aux classes moyennes, ils sont 66 % en 2000. Là-bas, on a pris la question noire à bras le corps, alors qu'en France elle est restée longtemps ignorée. Ignorée de tous : à la fois des mouvements racistes et des mouvements antiracistes.
Les premiers ne parlent guère de la question noire ; ce qui est fondamental à leurs yeux, c'est la question nationale : le Front national est national. Il invoque "la préférence nationale", pas la suprématie blanche. Il s'intéresse à l'identité nationale et aux immigrés, qui sont souvent noirs, mais ce n'est pas en tant que tels qu'il s'intéresse à eux (ce qui ne veut pas dire que le FN ne soit pas raciste, évidemment). Or les antiracistes ne parlent pas davantage de la question noire, puisque, comme ils le disent, il n'y a pas de race noire. Donc pour des raisons tout à fait différentes, cette question a été délaissée en France à la fois par les mouvements racistes et les mouvements antiracistes.
Vous dites que la France devrait s'inspirer des politiques d'"affirmative action". Pourtant, aux Etats-Unis même, ces dispositifs suscitent de plus en plus la perplexité. Barack Obama lui-même ne s'en réclame guère...
Oui, parce que s'en réclamer ce serait se positionner exclusivement comme le candidat des Noirs. Or Obama a eu l'habileté de choisir une ligne qui est à mi-chemin entre celle des candidats noirs démocrates et celle des candidats noirs républicains (car il y en a eu plusieurs de part et d'autre). Les premiers parlaient principalement de la question raciale ; ils faisaient des scores élevés dans la communauté noire, mais très faibles en dehors. Les seconds évacuaient complètement la question noire et faisaient des scores ridicules partout. Obama a choisi une ligne intermédiaire : il n'évacue pas la question noire (et il critique même ceux qui voudraient se servir de sa carrière fulgurante pour accréditer l'idée qu'elle n'est plus d'actualité), mais il entend parler aussi de tous les autres sujets importants.
Et puis, il intervient dans un contexte où l'"affirmative action" provoque la suspicion. D'un côté, les Républicains l'ont violemment attaquée. De l'autre, beaucoup de démocrates se disent déçus : cela fait des décennies que cette politique dure, et pourtant les ghettos demeurent. Or si on a l'impression que cette politique plafonne, c'est qu'aux Etats-Unis la question raciale a souvent été privilégiée au détriment de la question sociale : comme le dit Obama, le problème majeur dont souffrent aujourd'hui les Noirs, c'est d'avoir une couverture sociale et une situation économique médiocres. En France, c'est plutôt l'inverse : la politique sociale a souvent été menée au détriment de la lutte contre la discrimination raciale, qui jusqu'à récemment était ignorée.