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Mères au foyer : désir ou fatalité ?
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Publié le 16/11/2008 09:46 | LaDepeche.fr,
Mères au foyer : désir ou fatalité ?
Plus d'une femme sur deux, mère d'un enfant de moins de deux ans, a quitté son emploi. Très satisfaites de leur choix, elles détonnent dans la société du travail-roi.
Cet automne, à Gimont, dans le Gers, s'est tenue une drôle de manifestation : des jeunes femmes se sont rassemblées et dévêtues… pour donner le sein à leur enfant. Ainsi, un peu partout en France, les défenseurs de l'allaitement maternel (dont l'Organisation Mondiale de la Santé) ont-ils fait entendre leur voix. Elles furent bien plus discrètes, celles qui se sont élevées pour signaler que cette promotion anti-biberon, signifiait aussi la valorisation du retour des femmes à leur fonction de mère au foyer.
Certes les Françaises détiennent le plus fort taux d'emploi entre 25 et 49 ans en Europe : une sur huit travaille. Mais différents signes émergent, qui tendent à montrer que le mythe de la working girl comme celui de la wonder woman, sachant tout mener de front du bureau à la maison, ont vécu.
Malgré tous les discours prônant le partage des tâches domestiques, ce sont encore souvent les femmes qui font les courses, entretiennent la maison, s'occupent des devoirs des enfants ou les amènent chez le médecin. Et elles en ont marre. « Elles sont épuisées » notait Eliette Abecassis dans son livre « Corset invisible » (Albin Michel) paru l'an dernier. On peut comprendre alors le succès immédiat du congé parental, créé en 2004 : la CAF comptait 580 000 bénéficiaires en 2007, très loin des 50 000 attendus par le gouvernement. Quasi uniquement des femmes.
Calculs financiers
Mais il n'y a pas que la fatigue pour l'expliquer.
Certaines ont pris leur calculette et additionné les frais de la crèche et de la baby-sitter, ceux du transport et de la restauration au travail. Pour les moins fortunées, l'avantage financier saute aux yeux. « C'est bien simple, ou je m'arrêtais ou je perdais de l'argent », déclare Héloïse sur Internet, où les sites et forum affluent. Elle a donc renoncé à son travail et à ses 1 400€ mensuels.
Une enquête postée en octobre sur le site femmaufoyer.net montre par ailleurs qu'une maman sur dix est restée à la maison par obligation, faute de trouver un travail ou des horaires adaptés. Parmi les 58 % qui évoquent un choix personnel beaucoup soulignent l'impact financier de la garde, voire la galère pour trouver une place en crèche ou une nounou.
reconnaissance sociale
Reste qu'il est difficile de quantifier le phénomène : les femmes au foyer sont comptabilisées parmi « inactives » dans les colonnes de l'INSEE, n'ont pas droit à une retraite propre et ne disposent d'aucune case spécifique dans les documents administratifs. Aux yeux de la société, « Elles comptent pour du beurre », résume le sociologue Louis Maurin. Elles seraient pourtant presque trois millions (chiffres 2005). Mais si le manque de reconnaissance sociale est injustifié, la promotion de la femme au foyer - par le biais d'un statut spécifique, comme le défend le député UMP Daniel Mach par exemple - porte à caution. Se couper du marché du travail est dangereux.
C'est Élisabeth Badinter, chantre du féminisme en France qui en avertit les femmes : « Il ne faut pas oublier que la maternité occupe quinze à vingt ans de sa vie. Le reste du temps, si elle n'a pas d'autre intérêt ni de ressources financières, que deviendra-t-elle ? »