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« La garde alternée défavorise les mères »
Du rapport 2008 du Défenseur des Enfants, page 88...
Jacqueline Phélip, présidente de l’association « L’enfant d’abord »
« La résidence alternée est devenue un sujet brûlant que l’on ne peut plus aborder de façon sereine. Elle a été introduite en France en suivant l’exemple américain : la Californie avait instauré cette possibilité en 1979,mais, 15 ans plus tard, en constatant les effets néfastes, elle est revenue sur cette loi : la résidence alternée ne peut plus être imposée par le juge. Il faudrait que la France suive lemême chemin et que le juge n’ait plus la possibilité d’imposer une résidence alternée.
On mesure nettement en France le poids qu’a pesé le lobby des mouvements de pères réclamant une stricte égalité avec la mère. Parmi ces revendications nombreuses sont celles qui, en fait correspondent à une revanche, un retour du pouvoir sur les femmes par le moyen des enfants. Ce « partage » égalitaire constitue, en fait, pour certains hommes, un moyen d’écarter la mère.
Entretien
"La garde alternée défavorise les mères"
LE MONDE | 24.11.08 | 16h13 • Mis à jour le 24.11.08 | 16h13, extrait
Sylvie Cadolle, sociologue, maître de conférences à Paris-XII (Créteil), a réalisé une enquête qualitative sur les arrangements financiers et le sentiment d'équité des parents dont les enfants sont en résidence alternée. Elle sera publiée, en 2009, dans le cadre d'une recherche internationale sur les partages au sein du couple coordonnée par Agnès Martial, (ethnologue chargée de recherche au CNRS).
Votre enquête conclut que la garde alternée s'exerce souvent au détriment des mères. Pourquoi ?
La résidence alternée apparaît comme une pratique socialement valorisée, une forme accomplie de la coparentalité, notamment au travers de la loi du 4 mars 2002 relative à l'autorité parentale. Elle offre, par ailleurs, l'occasion aux mères d'alléger la charge des enfants qui les empêche de recomposer un couple et qui limite leur investissement professionnel.
Malgré cela, la résidence alternée demeure peu choisie et très contestée. J'ai cherché à mieux comprendre la différence des points de vue des pères et des mères.
En fait, la plupart des mères, opposées d'emblée à la résidence alternée ou réticentes après un temps de pratique, considèrent que les pères ne s'occupent pas des enfants autant ni aussi bien qu'elles. Elles continuent souvent d'assurer le suivi sanitaire et médical, le suivi scolaire, voire de rester à la maison quand l'enfant est malade, de les inscrire et les conduire à leurs loisirs. Elles jugent les pères moins disponibles et moins exigeants sur l'éducation. En fait, les pères ont, d'après elles, adopté une paternité affective et ludique. Ils rechignent à poser des contraintes. Du coup, elles ont l'impression que le travail d'éducation qu'elles font durant leur semaine en demandant aux enfants de faire leurs devoirs, de se laver les dents, d'éteindre la télé, etc., est défait la semaine où ils sont chez leur père, ou bien que c'est la belle-mère qui s'en occupe, en cas de familles recomposées.
En quoi le partage de la charge financière est-il jugé inéquitable ?
Les mères soupçonnent souvent les pères de demander la résidence alternée pour ne pas payer de pension alimentaire, tandis que les pères accusent les mères de refuser la garde alternée pour pouvoir en obtenir une. La question de l'argent se trouve au coeur des soupçons réciproques. Alors que généralement le revenu des mères est inférieur à celui des pères, les juges n'accordent une pension, en cas de garde partagée, que dans un quart des cas.
Quand les couples ne passent pas devant un juge et s'arrangent entre eux, les mères ont tendance à ne pas réclamer de pension dans la mesure où il y a théoriquement un partage 50/50 des frais concernant les enfants. Or, une pension pourrait aussi avoir comme objectif de tenir compte de la différence de revenus des parents !
Les mères disent dépenser plus : elles assument plus fréquemment les fournitures scolaires, les cours particuliers, les inscriptions à une activité sportive ou culturelle, les dépenses sanitaires (dentiste, médecin, opticien...) et les vêtements. Cela les astreint à une comptabilité et les met dans un rôle de quémandeuses vis-à-vis des pères, parfois réticents à rembourser la moitié des frais engagés.
Autorité parentale conjointe : le retour de la loi du père
mercredi 16 avril 2003
par Hélène Palma, Martin Dufresne
Une nouvelle loi française relative à l’autorité parentale - élément d’une réforme plus globale du droit de la famille - est examinée à la lumière des droits des femmes et d’un processus de « reconstruction patriarcale », où l’État et le lobby masculiniste s’approprient les notions de parité, de partage des tâches parentales et de droits de l’enfant pour, en fait, réduire les obligations matérielles des hommes et accroître leur pouvoir à l’égard des femmes et des enfants. L’article fait un compte rendu des résistances féministes à ce « backlash » néo-libéral en France et au niveau international, en se fondant sur des lectures empiriques et matérialistes du travail et de l’expérience des mères qui luttent pour conserver le contrôle de leurs conditions de vie, l’accès à la justice et le droit d’échapper à la violence conjugale et incestueuse. L’article propose également un extrait traduit d’un ouvrage à paraître de Susan B. Boyd.