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Psychiatrie : Sarkozy veut durcir l'hospitalisation d'office
HOPITAL PSYCHIATRIQUE
Psychiatrie : Sarkozy veut durcir l'hospitalisation d'office
NOUVELOBS.COM | 02.12.2008 | 19:53
Le chef de l'Etat annonce un plan de 70 millions d'euros pour les établissements psychiatriques. Le projet de loi prévoirait que la sortie de certains patients serait soumise à la décision du préfet.
Nicolas Sarkozy a annoncé mardi 2 décembre un durcissement des conditions de sortie des patients hospitalisés d'office dans les établissements psychiatriques. Ces établissements bénéficieront aussi d'un plan de 70 millions d'euros pour leur sécurisation et pour l'accueil des malades les plus difficiles.
"Choqué" par plusieurs faits divers impliquant des patients suivis en psychiatrie, le président de la République a mis en avant, lors d'un déplacement à l'hôpital psychiatrique Erasme d'Antony (Hauts-de-Seine), son "obligation de résultats vis-à-vis de la société".
Il a notamment cité le cas de l'homme de 56 ans, soigné depuis plusieurs années pour schizophrénie, qui a mortellement poignardé un étudiant de 26 ans à Grenoble, le 12 novembre dernier, après avoir fugué de hôpital psychiatrique de Saint-Egrève. "Le drame de Grenoble ne doit pas se reproduire", a-t-il engagé, récusant la "fatalité" et la difficulté de prévoir le moment où un malade "dont l'état s'est stabilisé pendant un certain temps" peut "soudainement redevenir dangereux".
La sortie soumise à la décision du préfet
Pour cela, Nicolas Sarkozy a exigé que "les malades potentiellement dangereux (soient) soumis à une surveillance particulière afin d'empêcher un éventuel passage à l'acte".
Il a donc annoncé un projet de loi que devra préparer sa ministre de la Santé Roselyne Bachelot sur l'hospitalisation d'office. Mesure-phare: la sortie, même temporaire, des patients hospitalisés de force sera désormais soumise à l'approbation finale du préfet. "La décision, ce doit être l'Etat ou dans certains cas la justice, pas les experts", a-t-il jugé. Même si "l'avis des experts est indispensable", "je ne suis pas pour une société d'experts", a-t-il lancé devant une centaine de professionnels de la psychiatrie qui ont manifesté une certaine désapprobation.
Le président de la République a aussi repris à son compte la proposition d'instaurer une obligation de soins "en ville", une alternative pour les patients qu'on ne souhaite pas hospitaliser, qui était demandée par une partie des professionnels. "C'est une bonne idée", a ainsi commenté Jean Canneva, président de l'Union nationale des amis et familles des malades mentaux joint par l'Associated Press.
Un plan de 70 millions d'euros
"Les malades potentiellement dangereux doivent être soumis à une surveillance particulière", a encore exigé Nicolas Sarkozy, qui a annoncé un plan doté de 70 millions d'euros pour renforcer la sécurité des hôpitaux psychiatriques et pour créer quatre unités pour les malades difficiles.
Grâce à cette enveloppe, "certains patients hospitalisés sans leur consentement seront équipés d'un dispositif de géolocalisation" capable de donner l'alerte en cas de fugue, a-t-il annoncé et des chambres d'isolement seront également aménagées.
Ces investissements ont satisfait plusieurs des organisations spécialisées, qui ont aussi été sensibles au fait que cette visite était la première d'un président dans un hôpital psychiatrique.
Cependant, beaucoup ont marqué leur réticence face à l'accent mis sur la surveillance et les malades hospitalisés sous la contrainte, qui représentent moins de 20% des patients. Le Pr Jean-Pierre Olié, chef de service hôpital Sainte-Anne de Paris, a jugé "surprenant" la surveillance du patient par GPS, qui relève selon lui de la "confusion entre délinquance et maladie". L'UNAFAM demande aussi que toutes ces propositions soient revues dans une large concertation avant la présentation de ce projet de loi, dont la date n'a pas été annoncée. (AP)