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Le retour de la « psychochirurgie »
Le retour de la "psychochirurgie"
LE MONDE | 06.12.08 | 13h28 • Mis à jour le 06.12.08 | 19h57, extraits
Réduire les troubles obsessionnels compulsif (TOC) les plus graves par un traitement "psychochirurgical" ? C'est désormais possible, vient d'annoncer un groupe de médecins et de chercheurs coordonné par le docteur Luc Mallet (Inserm, Groupe hospitalier Pitié-Salpêtrière, Paris). Au terme d'un essai clinique sans précédent, mené dans dix services hospitalo-universitaires français de neurochirurgie, cette équipe a publié, le 13 novembre, dans le New England Journal of Medicine, les résultats spectaculaires induits par des stimulations intracérébrales profondes.
Cette technique a déjà démontré son efficacité dans certaines formes de la maladie de Parkinson. Après les recherches novatrices menées dans ce domaine par le professeur Alim-Louis Benabid (Inserm, CHU de Grenoble), la France apparaît particulièrement bien placée dans ce nouveau champ de la compétition médicale et scientifique.
En 2002, le Comité national d'éthique français avait donné un accord de principe pour que cette technique expérimentale soit appliquée à des personnes souffrant de TOC résistant à toutes les thérapies comportementales ou médicamenteuses. Cette pathologie psychiatrique, qui concerne environ 2 % de la population, se caractérise notamment par une série d'obsessions permanentes concernant, par exemple, la propreté, l'ordre, ou la symétrie. Les personnes concernées ne peuvent vivre sans effectuer une série de rituels (de rangement, de lavage ou de vérification) qui, dans les cas les plus graves, les occupent chaque jour durant plusieurs heures.
Cet essai avait au départ été motivé par des observations cliniques fortuites...
[...] La stimulation cérébrale profonde pourrait aussi s'attaquer, sur la base de résultats expérimentaux obtenus sur des rongeurs et des singes, à des pathologies contemporaines répandues telles que la boulimie et l'anorexie. Les résultats de travaux chinois, plus ou moins respectueux des règles éthiques occidentales, concernant le traitement de formes sévères d'addiction, commencent même à circuler dans les cénacles des spécialistes.
La recommandation 1235 de l’Assemblée parlementaire du Conseil de l’Europe relative à la psychiatrie et aux droits de l’homme, adoptée en 1994, stipule que « la lobotomie et la thérapie par électrochocs ne peuvent être pratiquées que si le consentement éclairé a été donné par écrit par le patient lui-même ou par une personne choisie par le patient pour le représenter, soit un conseiller soit un curateur, et si la décision a été confirmée par un comité restreint qui n'est pas composé uniquement d’experts psychiatriques » (article 7, alinéa ii.b).
Parallèlement, des interventions moins étendues, détruisant des portions de tissu cérébral plus restreintes et précises, ont été développées : ces techniques constituent la neurochirurgie fonctionnelle. Cette dernière, proposée pour certaines pathologies mentales sévères résistant à toute thérapeutique chimique et comportementale (certains cas de troubles obsessionnels compulsifs [TOC] majeurs par exemple), n’est toutefois mise en œuvre qu’en dernier recours.