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Affaire Liliane Bettencourt : le parquet de Nanterre est sur le pont
NDLR : Après avoir contribué à spolier une orpheline, ce parquet va-t-il déchoir une milliardaire ?
Liliane Bettencourt assure ne pas être sous le coupe de François-Marie Banier
LEMONDE.FR avec AFP | 21.12.08 | 11h52 • Mis à jour le 21.12.08 | 14h41, extraits
L'actionnaire principal de L'Oréal, Liliane Bettencourt, a qualifié de "navrante" la plainte pour abus de faiblesse déposée par sa fille Françoise, dans un entretien au Journal du dimanche. "Cela fait de la peine", confie-t-elle à l'hebdomadaire, dans lequel elle s'exprimait pour la première fois sur ce dossier. Si l'affaire est sortie dans les médias il y a une semaine, la plainte déposée par Françoise Bettencourt Meyers date d'il y a un an. Une enquête préliminaire a depuis été ouverte au parquet de Nanterre sur des dons s'élevant à près d'un milliard d'euros que Mme Bettencourt a accordés au photographe François-Marie Banier, connu pour ses clichés de vedettes et proche de la famille.
Mme Bettencourt Meyers, qui siège également au conseil d'administration de L'Oréal, se serait inquiétée de l'état psychologique de sa mère lorsqu'elle a accordé ses dons à M. Banier. "Quelle mouche a piqué ma fille ? C'est d'une grande bêtise", réagit l'octogénaire dans le JDD. "Cela vient peut-être du fait que je m'entends bien avec François-Marie Banier. C'est un artiste, ça me motive", complète-t-elle, assurant n'avoir jamais été "sous la coupe" du photographe. "Quant à cette histoire d'adoption, quand je l'ai entendue pour la première fois, j'ai cru rêver! Je n'ai jamais eu envie d'adopter un fils, et encore moins quelqu'un qui a plus de 60 ans".
[...] Il appartient désormais au parquet de Nanterre de décider s'il ouvre une information judiciaire ou classe le dossier sans suite. L'ouverture d'une instruction aurait notamment pour intérêt de permettre à un magistrat d'ordonner une expertise médicale.
Dimanche 21 Décembre 2008
Liliane Bettencourt: "Je n'ai plus envie de voir ma fille"
Le Journal du Dimanche
Pour le JDD, Liliane Bettencourt, 86 ans, héritière et principale actionnaire du groupe L'Oréal, accepte de revenir sur la plainte contre X déposée par sa fille pour "abus de faiblesse". Françoise Bettencourt- Meyers lui reproche les dons prodigués à François-Marie Banier. "Quelle mouche a piqué ma fille?", s'interroge celle qui est considérée comme la femme la plus fortunée de France.
[...] Peinée par les articles ayant relaté l'enquête judiciaire sur les dons qu'elle a consentis à l'artiste François-Marie Banier, Liliane Bettencourt tient à dire sa vérité (après que Le Monde de samedi a publié les lettres qu'elle a adressées à sa fille): ses mauvaises relations avec Françoise Bettencourt-Meyers, qui a déposé plainte contre X pour "abus de faiblesse" voici un an, sont antérieures à sa rencontre avec François- Marie Banier.
Souriante, la vieille dame oscille entre tristesse et humour lorsqu'elle raconte les impossibles relations fille-mère, qui provoquent aujourd'hui la polémique publique. Elle veut dire également qu'à l'aune de sa fortune, estimée à 17 milliards d'euros, les dons prodigués à François-Marie Banier (de 600 millions à un milliard d'euros selon les sources), ne représentent qu'une faible part. Elle confirme avoir donné "de longue date" la nue-propriété de la quasi-totalité de ses actions L'Oréal à sa fille, soit l'essentiel de sa fortune. Sa fille en héritera après sa mort. En clair, Liliane Bettencourt n'entame pas son capital mais entend disposer de ses revenus (colossaux) comme elle l'entend.
De son côté, le bénéficiaire de sa générosité, François-Marie Banier, actuellement à l'étranger, envisage de déposer plainte pour "dénonciation calomnieuse". "Il y a d'une part une blessure familiale sans doute profonde et ancienne et, de l'autre, une merveilleuse histoire d'amitié et de partage littéraire et artistique depuis plus de vingt ans", déclarent ses avocats, Mes François Tosi et Danyele Palazo-Gauthier. "Ce n'est pas par une procédure pénale que Françoise Bettencourt-Meyers réglera ses problèmes familiaux."
"Cette lettre est un dernier avertissement"
LE MONDE | 20.12.08 | 13h15 • Mis à jour le 20.12.08 | 16h57, extraits
Quelques semaines après le dépôt de la plainte par Françoise Bettencourt-Meyers, en février, sa mère lui adresse des reproches circonstanciés. Plusieurs de ces lettres, dont certaines écrites à l'encre verte d'une écriture ferme, sont restées sans réponse. Mme Bettencourt juge inqualifiable le procédé de la plainte et fait valoir à sa fille qu'elle ne pouvait ignorer qu'elle allait la choquer gravement.
Elle lui explique à quel point François-Marie Banier est son ami, que les dons, étalés sur plusieurs années, ont été faits devant notaire, en toute connaissance de cause. " C'est grâce à lui que je ne suis pas restée enfermée dans le milieu conventionnel auquel me destinait ma situation de fortune", lui dit-elle. Elle lui signifie qu'en attaquant le photographe, c'est elle-même qu'elle attaque, puisqu'elle serait prétendument en état de " faiblesse". " Si tous ces dons sont le signe de ma faiblesse, qu'en est-il alors de la donation que je t'ai faite de la nue-propriété des actions de L'Oréal, dès lors que, par rapport à son montant, tout le reste est bien modeste..."
[...] A sa fille, Mme Bettencourt reproche d'avoir soudoyé une partie de son personnel et se plaint de ne pouvoir dire un mot dans son propre domicile sans penser que tout ce qu'elle dit sera immédiatement rapporté. Elle la soupçonne aussi de lui avoir envoyé un médecin sans en annoncer la qualité, profitant du désarroi dans lequel elle se trouvait après la mort de son mari, André Bettencourt, survenue en novembre 2007.
Certains proches de la famille témoignent que Mme Bettencourt-Meyers, dont le mari est le vice-président du conseil d'administration de L'Oréal, était plus proche de son père que de sa mère. Jamais, pensent-ils, cette plainte n'eut été déposée du vivant de l'ancien ministre de De Gaulle et de Georges Pompidou.
C'est le 17 décembre suivant la mort de M. Bettencourt que la démarche juridique est lancée. "Je n'ose même pas imaginer le risque d'une fuite, qui est chaque jour plus important", écrit la mère, inquiète pour sa crédibilité " devant des interlocuteurs qui sauraient qu'une procédure basée sur ma soi-disant déficience intellectuelle est en cours".
[...] Mme Bettencourt déplore aussi la longueur de l'enquête et assure : "Je n'ai rien qui justifie la qualité de "victime" qu'on a voulu m'attribuer." A ce jour, M. Courroye n'a pas encore annoncé s'il classait le dossier, comme le souhaite si vivement Mme Bettencourt, ou s'il ouvrait une instruction.