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Mort d'un enfant à l'hôpital : l'infirmière mise en examen
Mort d'un enfant à l'hôpital : l'infirmière mise en examen pour "homicide involontaire"
LEMONDE.FR avec AFP | 26.12.08 | 17h12 • Mis à jour le 26.12.08 | 20h15, extraits
L'infirmière qui a reconnu avoir administré une perfusion erronée à l'enfant de 3 ans mort, mercredi, à l'hôpital parisien de Saint-Vincent-de-Paul (14e arrondissement), a été mise en examen pour "homicide involontaire" et placée sous contrôle judiciaire, vendredi 26 décembre, selon une source judiciaire. Une interdiction provisoire d'exercer a également été prononcée. Cette mise en examen intervient quelques heures après l'ouverture d'une information judiciaire pour les mêmes chefs d'inculpation.
L'infirmière, âgée de 35 ans, avait été déférée au pôle santé publique du tribunal de grande instance de Paris après avoir été placée en garde à vue dans les locaux de la brigade de répression de la délinquance à la personne, mercredi à 23 heures. La jeune femme avait immédiatement reconnu avoir administré par erreur une perfusion de chlorure de magnésium au lieu d'un sérum glucosé destiné à le réhydrater, ce qui pourrait avoir provoqué un arrêt cardiaque de l'enfant.
[...] L'enquête devra maintenant déterminer le rôle exact du produit incriminé dans la mort de l'enfant et les circonstances de l'accident. Selon le parquet, si le chlorure de magnésium n'est pas un produit dangereux en soi, il pouvait l'être pour un enfant de cet âge, même si "aucune conclusion médicale ne peut être établie" à l'heure actuelle, selon une source proche du dossier. La famille de l'enfant devrait bientôt porter plainte, selon un des oncles de l'enfant décédé. "On veut que la justice soit faite", a expliqué ce proche, ajoutant que la seule ouverture d'une enquête judiciaire n'était "pas satisfaisante".
La première garde à vue, puis sa reconduction, n'ont pas manqué de susciter une controverse dans les milieux hospitaliers, syndicaux et politiques, certains voyant dans cette mesure une décision "disproportionnée" et préférant mettre en cause les dysfonctionnements de l'hôpital public. La ministre de la santé, Roselyne Bachelot, dont la démission a été réclamée par Patrick Pelloux, chef de file de l'Association des médecins urgentistes, a répondu en dénonçant "la récupération d'un drame aussi épouvantable".
Elle a ensuite défendu, sur France Info, les moyens alloués à l'hôpital public. "Je signale que, dans un contexte de crise économique, alors que nous avons les dépenses hospitalières les plus élevées du monde (...), nous allons faire un nouveau plan d'investissement de dix milliards d'euros", a plaidé la ministre, dénonçant les voix "extrêmement isolées" qui se font entendre depuis l'incident. "La polémique est surtout nourrie par la CGT. C'est une vision très politique de l'affaire", a-t-elle estimé.
[...] De son côté, la coordinatrice générale des soins du groupe hospitalier Cochin-Saint-Vincent-de-Paul, Roselyne Vasseur, a assuré que l'alerte "a été donnée extrêmement rapidement" après l'aggravation de l'état de santé d'Ilyès et que "tout ce qui devait être fait a été fait".
Selon elle, l'infirmière en cause "était dans un cycle de travail parfaitement normal, avec une charge de travail semble-t-il parfaitement équilibrée". Des constats partagés par Dominique Giorgi, secrétaire général de l'AP-HP, qui assure que "l'encadrement médical et paramédical était tout à fait adapté en ce 24 décembre". Cette infirmière est "jeune mais confirmée et parfaitement compétente", a en outre précisé Mme Vasseur, confirmant des informations judiciaires qui affirmaient que la soignante avait onze ans de métier, dont quatre dans l'établissement.
ENFANT MORT A L'HOPITAL
«Les infirmières iront travailler la peur au ventre»
Le Parisien | 26.12.2008, 16h39 | Mise à jour : 17h59, extrait
La garde à vue de l'infirmière à l'origine de la mort du petit Ilyes choque le monde hospitalier. Sud-Santé, deuxième syndicat de l'Assistance publique-Hôpitaux de Paris (AP-HP), déplore la «criminalisation» de ce drame. «C'est du jamais-vu. L'infirmière a tout reconnu, elle a immédiatement prévenu son chef de service.
Que veut-on lui faire dire de plus ?» s'interroge Marie-Christine Fararik, secrétaire générale de Sud-Santé, jointe par téléphone. «Tout le monde est choqué par cette procédure. Il y a beaucoup de réactions de soutien des médecins et de la communauté hospitalière.»
Revenant sur le manque de moyens évoqué par les syndicats, elle juge la situation catastrophique dans les hôpitaux. «On supprime des postes, les infirmières qui quittent un établissement ne sont pas remplacées... Et c'est d'autant plus compliqué à Saint-Vincent-de-Paul que cet hôpital ne connaît pas son avenir. Il est question de le fermer.»
Marie Christine Fararik se dit très inquiète sur la suite des événements : «Les infirmières, déjà en souffrance, vont désormais travailler la peur au ventre. Une erreur a été commise, mais c'est un problème collectif et non individuel comme on veut nous le faire croire. On veut faire trinquer les gens individuellement. Il m'est moi-même arrivé de commettre une erreur, j'ai immédiatement alerté mon responsable et le nécessaire a été fait pour sauvegarder la santé du patient. C'est un travail d'équipe. Et si on met en examen des personnels soignants, les problèmes de recrutement ne vont pas s'arranger. Nos autorités de tutelle nous parlent de production de soins. On est rentré dans une logique de rentabilité. C'est oublier que nous ne travaillons pas sur des boîtes de conserve ! Cette dramatique histoire doit servir de leçon.»
ENFANT MORT A L'HOPITAL
Décès d'Ilyès : l'hôpital nie tout dysfonctionnement
NOUVELOBS.COM | 26.12.2008 | 18:12
Le père de l'enfant, décédé après une erreur médicale, avait reproché à l'hôpital de ne pas avoir réagi assez vite.
L'alerte après le constat de l'aggravation de l'état du petit Ilyès "a été donnée extrêmement rapidement" et "tout ce qui devait être fait a été fait", a déclaré vendredi 26 décembre Roselyne Vasseur, coordinatrice générale des soins du groupe hospitalier Cochin-Saint-Vincent-de-Paul (AP-HP). "Les services de réanimation sont arrivés extrêmement rapidement et l'équipe soignante in situ avait déjà mis en place des mesures conservatoires", a indiqué Roselyne Vasseur au cours d'un point presse.
Version du père contradictoire
L'enfant de trois ans est mort mercredi soir à l'hôpital Saint-Vincent-de-Paul à Paris dans des circonstances qui restent à déterminer, alors qu'une infirmière a reconnu avoir administré dans une perfusion du chlorure de magnésium au lieu d'un sérum glucosé. Le père de l'enfant avait reproché à l'hôpital de ne pas avoir réagi assez vite.
Aucun dysfonctionnement
Le planning du service de pédiatrie générale où était hospitalisé l'enfant était "conforme à la réglementation" et l'infirmière en cause "était dans un cycle de travail parfaitement normal, avec une charge de travail semble-t-il parfaitement équilibrée", a également indiqué Roselyne Vasseur.
Cette infirmière est "jeune mais confirmée et parfaitement compétente" jusqu'ici, a-t-elle également précisé.
L'AP-HP pas poursuivi
Roselyne Vasseur s'est refusée à donner toute indication sur l'enfant, invoquant le secret médical. "On n'hospitalise pas un enfant pour une simple angine à la veille de Noël. Il était déshydraté", a-t-elle néanmoins indiqué.
Dominique Giorgi, secrétaire général de l'AP-HP, a pour sa part indiqué que "l'encadrement médical et paramédical était tout à fait adapté en ce 24 décembre". Les trois enquêtes en cours "permettront de déterminer la chronologie exacte", a-t-il précisé.
Dominique Giorgi a également indiqué que "l'AP-HP n'est pas à ce stade poursuivie comme personne morale".