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Pékin ferme la porte aux signataires de la Charte 08
Le grand Meccano de Nicolas Sarkozy
LE MONDE | 25.12.08 | 20h18 • Mis à jour le 26.12.08 | 08h57, extraits
Tout contrôler, tout savoir, tout décider. Jusqu'au détail. Garder la main sur son premier ministre que l'article 20 de la Constitution institue comme celui qui "détermine et conduit la politique de la nation". Conserver la maîtrise de son parti, cette arme sans laquelle 2012 ne pourrait pas s'écrire. Maîtriser sa majorité, bras armé de la réforme, et l'élargir sans cesse pour étouffer l'opposition.
Nicolas Sarkozy, l'hyper, l'ultraprésident, a bouleversé en dix-huit mois l'ordre hiérarchique des institutions. "Tout se passe à l'Elysée", constatent à l'unisson les tenants et les contempteurs de la Sarkozie.
[...] Sous le règne du sixième président de la Ve République, le premier ministre et les ministres sont devenus de simples exécutants. "Dans la hiérarchie du chef de l'Etat, il y a l'Elysée, l'UMP et seulement après le gouvernement", analyse un conseiller. "Le numéro un, c'est Sarko, avec sa filiale UMP, le numéro deux Claude Guéant et le numéro trois Fillon", ose même Jean-Pierre Raffarin.
Pour conserver la main sur ses ministres, le président s'est entouré d'une garde rapprochée de conseillers spécialisés, craints des ministères et influents dans les médias. En face de chaque portefeuille, un homme de l'Elysée : Jean-David Levitte aux affaires étrangères, Raymond Soubie aux affaires sociales, François Pérol à l'économie, Patrick Ouart à la justice, Emmanuelle Mignon et Catherine Pégard, l'ex-signature vedette du Point, postées pour panser les états d'âme des parlementaires. Chaque matin, à l'heure du petit déjeuner, le président les réunit autour de lui. Comme un gouvernement bis.
Pékin ferme la porte aux signataires de la Charte 08
LE MONDE | 26.12.08 | 12h01 • Mis à jour le 26.12.08 | 12h52, extraits
S'inspirant de la Charte 77 rédigée à Prague au temps de la guerre froide par des opposants tchèques au régime communiste, une poignée de dissidents chinois viennent de publier, il y a quelques jours, à Pékin, un texte inédit et audacieux. La "Charte 08" n'y va pas de main morte : elle appelle à la fin du monopole du parti unique et propose un texte en 19 points destiné à promouvoir la transition vers un système démocratique à l'occidentale.
Ecrit collectivement par un groupe de défenseurs des droits de l'homme, le texte a été initialement signé par 300 personnes. Grâce à sa mise en ligne sur la Toile et en dépit des "pare-feu" érigés par la police chinoise de l'Internet, plusieurs milliers de signataires lui auraient à ce jour apporté leur soutien. Outre les activistes des droits de l'homme connus pour leurs prises de position en faveur des libertés, la Charte a été signée par des membres du Parti communiste, des professeurs d'université et des fonctionnaires locaux, qui n'ont pas hésité à prendre le risque de cautionner le texte. A l'échelle chinoise, l'impact est minime. Mais l'initiative vient de créer un précédent.
Le gouvernement chinois a pris immédiatement des mesures : le 8 décembre, deux jours avant la publication de la Charte, la police a embastillé son principal rédacteur, l'intellectuel Liu Xiaobo. Les milieux de la dissidence estiment que le régime, alerté par la mise en ligne prochaine de ce brûlot, a voulu envoyer un message rapide : soutenir l'esprit et la lettre du texte expose toute personne à des représailles autoritaires.
[...] Tous les opposants au régime pékinois ne parlent pas d'une seule voix : certains ont signé la Charte du bout du clavier, par principe, et sans en accepter toutes les propositions. D'autres, très critiques du système, n'ont pas adhéré au texte et se sont abstenus. L'essayiste et activiste chrétien Yu Jie, inspirateur de la mode des messes à domicile du protestantisme officieux, a signé la Charte, mais avec la réserve du croyant : "Elle n'explique pas l'origine historique du concept des valeurs universelles. Elle est un document inachevé, un cours d'eau qui ne connaît pas sa provenance, elle occulte la dimension spirituelle de l'individu", juge-t-il.
L'avocat des droits de l'homme Li Jinsong, qui ne cesse d'œuvrer pour l'application des droits inscrits dans la Constitution chinoise, est encore plus critique : "Le texte est en faveur de la transition vers une république fédérale. Cette proposition me paraît en décalage avec la réalité de la Chine qui a d'autres priorités aujourd'hui, notamment le souci de faire face à l'impact de la crise financière." Et il ajoute : "Et puis je n'aime pas le ton de cette Charte qui a l'air de dire : on a trouvé les valeurs ultimes qui doivent présider au destin de l'humanité."
[...] En attendant, la répression s'est accrue, ces derniers jours, à l'encontre des signataires. "Vous voulez faire trois ans de prison ? Quatre ?" ont dit, menaçants, des policiers à l'écrivain Wen Kejian, qui habite dans la ville de Hangzhou.