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Des légionnaires recrutés pour enlever son ex ?
NDLR : En septembre 2007, sur le plateau de Delarue, ce « desperado » avait suscité de nombreuses réactions et critiques. Voir « C'est de l'abattage » selon Sabine Mariette pour quelques notes. Lire aussi Au Japon, la garde partagée est un combat, un article qui apporte un éclairage intéressant.
Parmi eux, des habitants de Saint-Etienne et Nancy, amis de longue date du principal suspect, ou des membres de SOS-Papa. Fabrice Devaux animait à Aix-en-Provence ce mouvement de défense des pères lors des divorces.
Au total, huit personnes sont mises en cause dans ce dossier de trafic de stupéfiants, dénonciation calomnieuse, association de malfaiteurs en vue de commettre un délit et remise d'argent en vue de commettre un crime. Audience les 18 et 19 mars avec comme pièces à conviction une malle et un pistolet anesthésiant.
Normandie, Ouest-France
mercredi 28 janvier 2009
Des légionnaires recrutés pour enlever son ex ?
Deux jours d'audience sont prévus à Caen pour examiner le dossier d'enlèvement d'une Caennaise de 34 ans. Faits reprochés à son ex-compagnon actuellement en détention provisoire.
« La pharmacienne de Caen alimente les soirées bourges en drogue. » À trois reprises fin 2007, ce message anonyme parvient à la brigade des stupéfiants des policiers de Caen. Rien d'inhabituel : dans le milieu des dealers, on « balance » souvent pour écarter un concurrent.
En décembre, quatrième message anonyme : « la pharmacienne a planqué la marchandise dans sa voiture. » Et d'indiquer le parking d'un centre commercial Carrefour caennais, où la Kangoo rouge est garée.
Totalement surprise, la femme de 34 ans, employée dans une parapharmacie, laisse les policiers agir : les chiens antidrogue flairent vite un sac plastique contenant 100 grammes de cocaïne. Cette fois, la Caennaise, dont le doctorat portait sur les produits stimulants du système nerveux classés stupéfiants (MDMA), apparaît abasourdie. Une perquisition à son domicile se révèle en revanche vaine.
« Cette affaire pue »
L'attitude et les déclarations de la suspecte font tiquer les enquêteurs qui, c'est exceptionnel, ne demandent pas de garde à vue : « Cette affaire pue ». Les policiers découvrent que les sacs contenant la cocaïne proviennent bien d'un magasin Carrefour mais du sud-est de la France. Là où réside l'ex-compagnon de la femme avec lequel les relations sont plus que tendues au sujet de la garde des enfants.
Se profile l'hypothèse d'une vengeance. Les policiers de la PJ de Caen prennent le relais dans le cadre d'une information judiciaire ouverte par le parquet de Caen. Les écoutes téléphoniques branchées sur l'ex-compagnon font basculer les enquêteurs dans un autre univers.
Jouant avec une dizaine de portables, utilisant les cabines publiques, Fabrice Devaux, 39 ans, cadre commercial, habitant Jouques (Bouches-du-Rhône), entre en contact avec deux légionnaires du 2e régiment étranger du génie (2e REG), basé à Saint-Christol (Vaucluse) et un autre du centre de recrutement de la Légion étrangère d'Orange (Vaucluse).
Deux, un ressortissant malgache et un Allemand de 24 ans, donnent suite. Selon les éléments de l'enquête, tous deux se seraient vus proposer 30 000 € pour enlever la pharmacienne et la ramener dans la région d'Aix-en-Provence. L'un des légionnaires aurait fait le déplacement à Caen pour repérer les lieux. Des photos du logement de la jeune femme ont été découvertes au domicile d'un des « soldats perdus ».
Malle et pistolet
En avril 2008, Fabrice Devaux est interpellé, mis en examen et placé en détention provisoire à Caen, où il se trouve toujours. Au fil des mois, les légionnaires ont été interpellés ainsi que d'autres complices impliqués dans le repérage ou l'affaire du sachet de cocaïne.
Parmi eux, des habitants de Saint-Etienne et Nancy, amis de longue date du principal suspect, ou des membres de SOS-Papa. Fabrice Devaux animait à Aix-en-Provence ce mouvement de défense des pères lors des divorces.
Au total, huit personnes sont mises en cause dans ce dossier de trafic de stupéfiants, dénonciation calomnieuse, association de malfaiteurs en vue de commettre un délit et remise d'argent en vue de commettre un crime. Audience les 18 et 19 mars avec comme pièces à conviction une malle et un pistolet anesthésiant.
Jean-Pierre BEUVE.
maville.com / Ouest-France, mercredi 28 janvier 2009
Les trois enfants emmenés en Australie et aux Antilles
C'est l'histoire d'un couple qui se termine très mal. Fabrice Devaux, aujourd'hui 39 ans, de Jouques (Bouches-du-Rhône) et Marie, 34 ans, habitant Caen, se rencontrent à Rouen en 1995. Le dynamisme de l'un complète la fragilité de l'autre. Naissent trois enfants : une fille en 1998 et des jumeaux, l'un blond, l'autre brun, en 2000. Le couple se partage entre Caen, Paris et la Provence.
En 2003 intervient la séparation : la mère regagne Caen avec les enfants. Le tribunal de Caen confie l'autorité parentale à chacun des parents mais fixe la résidence des enfants au domicile caennais de la mère avec droit de visite et d'hébergement du père.
« Mes enfants chéris »
Fabrice Devaux, qui dit avoir rencontré des difficultés pour exercer ses droits de père, n'acceptera jamais cette décision. Au point de confectionner ultérieurement un faux jugement inversant la garde.
Poussé, dit-il, à bout par la justice, Fabrice Devaux, qui a créé un site Internet « Mes enfants chéris » dédié à sa fille et ses fils, franchit la ligne jaune une première fois en août 2004. Muni d'un faux passeport portant l'identité d'Éric Mugnier, où il apparaît moustachu, il s'envole avec ses enfants de Genève à destination de Perth (Australie). Avec 60 000 €. Il est repéré, renvoyé en France et placé en détention provisoire.
Le droit de visite du père se réduit comme peau de chagrin à une rencontre de 3 h 30 deux fois par trimestre dans un centre protégé, la Recampada, à Aix-en-Provence. En août 2005, Fabrice Devaux récidive : profitant d'un passage dans le grillage du point-rencontre, il enlève à nouveau ses trois enfants. Quatre mois en camping-car acheté avec de faux papiers et un chèque volé pour découvrir les zoos et parcs d'attraction d'Espagne, France, Italie et Suisse. « J'étais avec mes enfants. On a vécu des mois paradisiaques », a-t-il déclaré plus tard au quotidien La Provence.
Ensuite direction les Antilles, après une traversée de l'Atlantique en catamaran. Puis la Martinique, Dominique et Saint-Domingue, où il est interpellé. Retour à la case détention provisoire.
Un an de prison ferme
« À aucun moment, les enfants n'ont réclamé leur mère pendant ces neuf mois », a-t-il prétendu au juge d'instruction chargé du dossier de soustraction d'enfants. Il expliquait avoir enlevé ses enfants après avoir constaté qu'ils s'éloignaient de lui : « Ils étaient pâles et en plus, ils étaient tristes. » Les enfants vivent aujourd'hui sous protection rapprochée permanente.
Pour l'ensemble de ces faits, Fabrice Devaux a été condamné à trois ans de prison dont deux avec sursis par le tribunal correctionnel d'Aix-en-Provence le 18 février 2008. Jugement qui n'a pas fait l'objet d'un appel. Chaque expédition a montré que l'intéressé disposait de fonds importants. Dans l'affaire instruite à Caen (lire ci-dessus), 521 938 € ont été bloqués sur des comptes luxembourgeois.
J.-P. B.
Ouest-France