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Claude Baty : « Il nous est signifié qu’il n’y a rien à négocier »
27/02/2009 17:33, La Croix, extrait
Jean-François Bayart : « Cautionner la dictature perpétue les conflits »
Pour Jean-François Bayart,directeur de recherche au CNRS Ceri-Sciences-Po, le concept de « bonne gouvernance » a étouffé l’aspiration démocratique, privant l’Afrique des soupapes politiques à même de désamorcer les crises
FORUM : Jean-François Bayart, directeur de recherche au CNRS Ceri-Sciences-Po
« Il ne peut pas y avoir d’État stable en Afrique subsaharienne qui ne repose sur une reconnaissance du politique. Et le politique, c’est l’institutionnalisation du conflit. Or, le concept de gouvernance, qui a émergé depuis une vingtaine d’années, évide toute dimension politique.
Sous couvert de « transparence » et de « régulation », c’est une machine à dépolitiser des problèmes éminemment politiques tels que la souveraineté, l’alternance, la démocratie, l’inégalité sociale et ce qu’on appelle le développement.
À partir des années 1980, au fur et à mesure que s’affirmait en Afrique un mouvement politique en faveur du multipartisme, les bailleurs de fonds occidentaux n’ont voulu entendre parler que de gouvernance, alors qu’il s’agissait bien de revendication démocratique.
... Un rendez-vous a alors été fixé au 19 février, qui a ensuite été repoussé au 5 mars. C’est désobligeant. Dois-je en conclure que pour ce gouvernement, le protestantisme n’a pas son mot à dire ? Nous voulions nous placer sur le registre du dialogue ; manifestement, il nous est signifié qu’il n’y a rien à négocier.
26/02/2009 20:42, La Croix, extrait
Claude Baty : « Il nous est signifié qu’il n’y a rien à négocier»
Alors que le Conseil d’État a rejeté jeudi 26 février le référé suspension déposé par dix associations contre le décret d’août 2008 remettant en cause l’action de la Cimade dans les centres de rétention, Claude Baty s’élève avec force contre l’absence de dialogue
La Croix : le 22 août 2008, Brice Hortefeux, alors ministre de l’immigration, de l’intégration, de l’identité nationale et du développement solidaire, imposait, par un décret et un appel d’offres, une réforme de la défense des étrangers placés en rétention administrative. La Fédération protestante est d’abord restée discrète. Pourquoi aujourd’hui rompre le silence ?
Claude Baty : Nous suivons le dossier de près depuis le début. Je rencontre régulièrement Patrick Peugeot, président de la Cimade, et Laurent Giovannoni, secrétaire général. Au tout début, nous avons pensé qu’il s’agissait d’une simple procédure administrative. Puis nous avons compris que le ministère avait en réalité décidé d’écarter la Cimade de tous les appels d’offres.
L’automne dernier, j’ai rencontré Brice Hortefeux, qui a tenu un discours étrange. D’un côté, il assurait n’avoir rien à reprocher à la Cimade. De l’autre, il affirmait que, selon des témoignages en sa possession, celle-ci était dépassée par sa mission. Il était clair dès lors que ce qu’il voulait remettre en cause, c’était ce qu’il appelait « le monopole » de la Cimade. C’était d’autant plus étrange que la Cimade collaborait déjà avec le Secours catholique.
Dès octobre, j’ai demandé à rencontrer le président de la République, avec Jacques Maury, ancien président de la FPF et président d’honneur de la Cimade, et Jean-Arnold de Clermont, président de la Conférence des Églises européennes (KEK). Nous n’avons jamais reçu de réponse. J’ai renouvelé ma demande en novembre. J’ai reçu en retour une lettre de Claude Guéant, secrétaire général de l’Élysée, qui reprenait l’argumentaire de Brice Hortefeux sans fixer aucun rendez-vous.
Le 12 janvier, lors de la présentation des vœux à Nicolas Sarkozy, je l’ai interrogé sur ce refus de nous rencontrer. Il m’a invité à appeler dès le lendemain. Un rendez-vous a alors été fixé au 19 février, qui a ensuite été repoussé au 5 mars. C’est désobligeant. Dois-je en conclure que pour ce gouvernement, le protestantisme n’a pas son mot à dire ? Nous voulions nous placer sur le registre du dialogue ; manifestement, il nous est signifié qu’il n’y a rien à négocier.