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« Welcome » : Philippe Lioret à Eric Besson
Verbatim
"De simples valeurs humaines ne sont pas respectées"
LE MONDE | 10.03.09 | 15h03, extrait
Voici la lettre ouverte que Philippe Lioret a fait parvenir au Monde, lundi 9 mars.
Monsieur Besson,
Je prends connaissance de votre intervention, ce matin sur Europe 1, où vous m'accusez, suite à mon film Welcome, de franchir "la ligne jaune dans un but promotionnel" quand, dans une interview, je mets en parallèle la situation des migrants et des bénévoles, aujourd'hui à Calais, avec celle des juifs et des Justes qui leur venaient en aide durant l'Occupation. Vous trouvez cela "inacceptable, désagréable, insupportable". ...
Polémique "Welcome" : la réponse de Philippe Lioret
France Info - 13:06, Philippe Lioret au micro de Florence Leroy (2'01")
PARIS (AFP), il y a deux heures - Le cinéaste Philippe Lioret affirme avoir voulu, avec son film "Welcome" qui sort mercredi, non pas mettre en parallèle la situation des migrants à Calais et celle des juifs sous l'occupation, mais dénoncer des "mécanismes répressifs" qui se "ressemblent étrangement".
Dans une lettre ouverte à Eric Besson publiée par le quotidien Le Monde daté de mercredi, Philippe Lioret répond aux propos du ministre de l'Immigration.
Samedi, celui-ci avait accusé le réalisateur d'avoir "plus que franchi la ligne jaune lorsque, dans une interview à La Voix du Nord, il dit +les clandestins de Calais sont l'équivalent des juifs en 43+: cette petite musique-là est absolument insupportable".
"Suggérer que la police française, c'est la police de Vichy, que les Afghans sont traqués, qu'ils sont l'objet de rafles, etc., c'est insupportable", avait insisté M. Besson.
Le film "Welcome" montre comment un maître nageur de Calais, incarné par Vincent Lindon, s'attache à un adolescent irakien immigré clandestin, arrivé dans cette ville du Pas-de-Calais et prêt à tout pour rejoindre sa petite amie émigrée à Londres.
"Dans toute société en situation de crise, face à l'injustice, chaque citoyen se trouve un jour placé face à ses responsabilités", écrit Philippe Lioret dans sa lettre ouverte à Eric Besson.
"George Brassens a parfaitement illustré le choix de cet engagement dans sa Chanson pour l'Auvergnat. A mon époque, la nôtre, je fais de même avec mon film", poursuit-il.
"Sachez qu'en l'occurrence, je ne mets pas en parallèle la traque des juifs et la Shoah, avec les persécutions dont sont victimes les migrants du Calaisis et les bénévoles qui tentent de leur venir en aide, mais les mécanismes répressifs qui y ressemblent étrangement ainsi que les comportements d'hommes et de femmes face à cette répression", écrit le réalisateur dans sa lettre ouverte.
"Il y a quelques jours encore, près de Béthune, une femme a été mise en garde à vue pour avoir simplement rechargé des téléphones portables de migrants. +Welcome+ ne fait qu'illustrer ce genre de fait divers", ajoute Lioret.
"La réalité, dit-on, dépasse souvent la fiction. Votre réalité, Monsieur Besson, se contente de l'égaler et c'est déjà suffisant pour être affligeant, pour confirmer qu'aujourd'hui, dans notre pays, de simples valeurs humaines ne sont pas respectées. C'est cela que vous devriez trouver +inacceptable+", conclut-il.
De son côté, l'avocat général à la cour d'appel de Paris, Philippe Bilger, estime sur son blog que le parallèle avec la repression des juifs en France en 1943 relève de la "provocation", rejetant "une référence qui ferait de notre présent républicain, aussi discutable soit-il, une copie d'un ignominieux passé mis à toutes les sauces".