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Catherine Martin espère que ses fils veulent encore la connaître
Faits divers
Outreau : le juge Burgaud fixé le 24 avril
Le Parisien | 27.03.2009, 07h37 | Mise à jour : 09h14, extrait
Fabrice Burgaud va encore devoir attendre quelques semaines avant d'être fixé sur son sort. Le 24 avril plus précisemment. Le Conseil supérieur de la magistrature (CSM) a reporté sa décision, qui devait être initialement rendue ce vendredi. L'un de ses avocats, Me Jean-Yves Dupeux, n'aurait, a priori, pas été informé officiellement de ce report jeudi soir. « Il doit y avoir de très fortes divergences au sein du CSM. Ils ont du mal à trouver une majorité pour se décider », explique-t-il.
Justice
«J’espère que mes fils veulent encore me connaître»
Le Parisien | 27.03.2009, 07h00
CATHERINE MARTIN, mère des deux enfants enlevés par Xavier Fortin
Catherine Martin est une mère « outragée » et « blessée ». Elle est la maman de Shahi Yena, 18 ans, et Okwari, 17 ans, ses deux fils enlevés par Xavier Fortin, leur père, après une séparation douloureuse, et soustraits à son autorité durant onze ans. Un « sentiment d’amertume » envahit cette femme « épuisée », qui confie sa détresse mais aussi ses espoirs une semaine après le jugement du tribunal correctionnel de Draguignan qui a condamné le 17 mars son ex-compagnon à deux ans de prison, dont vingt-deux mois de prison avec sursis. Xavier Fortin est ressorti libre de l’audience après un peu moins de deux mois de détention provisoire. Il avait été arrêté fin janvier à Massat (Ariège) dans un hameau perdu au-dessus de ce village.
Quel regard portez-vous sur le procès de votre ancien compagnon ?
Catherine Martin. Je me sens indignée. Au lieu de faire le procès d’un homme qui a trahi la loi, séquestré des enfants pendant onze ans, puis les a privés de tout lien avec leur famille, on n’a pas cessé d’incriminer la mère. C’est lâche et odieux. Mes fils ont certes atteint leur objectif de faire libérer leur père mais ont fait aussi mon procès. Je comprends en revanche le sens du jugement prononcé : en libérant le père, la justice a libéré les enfants de leur culpabilité. Une décision d’apaisement qui leur permet de reconstruire une vie plus sereine. Mais, d’un autre côté, ce jugement entérine leurs mensonges.
Quels contacts avez-vous aujourd’hui avec vos fils ?
Je n’ai eu que des contacts par SMS depuis le procès avec Shahi Yena. Et cela s’est mal passé. On ne s’est pas reparlé de vive voix. Ce fut très agressif. Okwari, lui, est plus en retrait. Il suit son grand frère. Tous deux ont voulu venir à la maison après le procès mais j’étais encore trop marquée par ce qu’ils avaient dit à l’audience. Ils sont repartis en Ariège avec leur père. C’est leur monde là-bas. Ils ont le projet d’aller voir leur grand-père paternel en Normandie. Je ne sais pas quand ils viendront me voir. Mais ce jour-là, il va falloir qu’ils entendent ma souffrance car j’ai été privée d’eux pendant onze ans. Je leur demande d’avoir du respect. Si ce n’est en tant que mère au moins en tant qu’être humain. J’espère encore qu’ils veulent me connaître et découvrir leur passé.
Comment interprétez-vous leur attitude ?
Ils sont profondément déstructurés et manquent de sensibilité. Une part d’eux-mêmes est atrophiée voire annihilée. Ils ont intégré un mode de fonctionnement basé sur le mensonge. Le double discours fait partie de leur vie. Ils ont une vérité pour le monde extérieur et une autre pour le privé. Ils ont été massacrés psychologiquement par leur père. Ils ne savent plus qui ils sont. Entre eux, ils s’appellent encore Théo et Manu, leurs prénoms d’emprunt, et ont un véritable problème d’identité.
Et leur avenir ?
Je les ai cherchés éperdument. Je me suis torturée pendant onze ans et, le jour où je les retrouve, je me suis aperçue que je les avais vraiment perdus. Peut-être pas définitivement. J’ai gardé leurs nounours, leurs cartables, pour leur raconter leur enfance. Mais le résultat est très loin de ce que j’espérais. Cette coupure a bloqué tous leurs apprentissages psychologiques.
Avez-vous l’espoir de renouer avec eux ?
J’espère que l’issue du procès va les apaiser. Mais je n’ai pas à rentrer dans leur jeu où tout doit être négocié. Il faut qu’ils apprennent ce qu’est une relation sincère et se trouvent eux-mêmes, en toute indépendance du discours d’enfermement de leur père. Cela demandera du temps. Ils devront surtout apprendre à se confronter à la vraie vie. Mais c’est à eux de faire le premier pas vers moi. Et je reste frustrée de leur amour.