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Déjeuner avec le patron de Casino : le procureur Courroye se rebiffe
Déjeuner avec le patron de Casino: le procureur Courroye se rebiffe
Il y a 56 minutes
PARIS (AFP) — Se disant victime d'une "campagne de dénigrement", le procureur de Nanterre, Philippe Courroye, a démenti samedi avoir voulu interférer dans l'enquête ouverte sur plainte de Casino, en déjeunant en janvier avec des protagonistes du dossier.
"Je déjeune et je dîne avec qui je veux. Je ne suis pas obligé de ne rencontrer que des magistrats", s'explique le magistrat dans une interview publiée samedi dans Le Parisien.
Au cours d'une conversation téléphonique avec l'AFP, samedi matin, il reconnaît s'être expliqué par téléphone avec son supérieur hiérarchique Jean-Amédée Lathoud, mais dément "avoir été interrogé ou convoqué", comme l'écrit le Parisien.
M. Lathoud a d'ailleurs tenu à préciser lui-même à l'AFP avoir "demandé des explications verbales par téléphone, confirmées par écrit", à M. Courroye, "dans le cadre de relations hiérarchiques quotidiennes, et non d'une procédure". "Je ne l'ai jamais interrogé ni convoqué", a-t-il ajouté.
En janvier, Philippe Courroye, dont l'épouse est chargée de mission à la Fondation Casino, avait invité à déjeuner à son domicile Jean-Charles Naouri, patron de Casino, son avocat, Me Paul Lombard, et Patrick Hefner, patron de la brigade financière alors chargée de l'enquête.
A la suite d'une révélation du Canard enchaîné, la juge d'instruction Xavière Simeoni, chargée de l'enquête, a dessaisi la brigade financière de cette information judiciaire ouverte à la suite de plaintes déposées par M. Naouri pour "abus de biens sociaux" contre la famille Baud avec laquelle il est en conflit.
"Quand cette rencontre a eu lieu, j'ignorais tout des plaintes que Casino avait initiées et qui, je le rappelle, ne sont pas traitées par mon parquet. A aucun moment, nous n'avons parlé de cette affaire", réagit M. Courroye dans Le Parisien.
"Il s'agit manifestement d'une campagne de dénigrement contre moi", affirme le magistrat dans le quotidien. L'explication, selon lui: "Ma nomination à Nanterre, contre l'avis du Conseil supérieur de la magistrature, avait déjà suscité pas mal de remous. Sans doute cherche-t-on à nuire à la suite de ma carrière".
Le procureur assure avoir "chargé un avocat dès le premier article du Canard Enchaîné de déposer une plainte en diffamation".
"Avant de prendre la mesure de dessaisissement, Mme Simeoni ne m'a pas contacté. Elle aurait eu la confirmation que les allégations du Canard Enchaîné étaient fallacieuses et diffamatoires. Tout cela est révélateur. Peut-être a-t-on voulu amplifier la polémique", a précisé M. Courroye à l'AFP.
Selon le porte-parole de la Chancellerie, Guillaume Didier, la Chancellerie examine en ce moment la note transmise par M. Lathoud.
"Cette affaire est traitée à Paris, il n'en a absolument pas été question lors de ce déjeuner. J'en ignorais tout et continue à en ignorer tout du contenu et du nombre", a martelé M. Courroye à l'AFP.
"J'ai d'ailleurs su après-coup que la quasi-totalité des affaires traitées à Paris étaient revenues de la brigade financière vers le Parquet", a-t-il ajouté.
"Quant à mon épouse, absente lors du déjeuner, elle est mise au coeur d'un non-événement. Elle ignore tout de ces plaintes, et n'a pas vocation à en avoir connaissance", a encore noté le procureur.
Interpellée mardi à l'Assemblée, Rachida Dati avait dit attendre les "explications" du procureur.