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Bernard Kouchner vient de créer un pôle religions au Quai d’Orsay
Justice
Michèle Alliot-Marie révoque le juge Patrick Keil
Par LEXPRESS.fr avec Reuters, publié le 24/07/2009 15:38 - mis à jour le 24/07/2009 16:10, extrait
Le ministre de la Justice, Michèle Alliot-Marie, a pris la décision de révoquer le juge Patrick Keil, qui avait l'enquête dur le dopage dans le Tour de France 1998. Le magistrat est sanctionné pour une affaire de corruption présumée. [...] Le dossier avait abouti à un procès à Lille en 2000 où avait été reconnue pour la première fois la généralisation du dopage et où le champion français Richard Virenque avait pour la première fois avoué avoir pris des produits interdits. Dans un entretien au Monde publié jeudi, Patrick Keil, délivré de son obligation de réserve, a raconté avoir subi des pressions sur cette affaire relative à l'une des épreuves sportives les plus lucratives au monde. Il affirme que le président du tribunal de Lille lui aurait dit : "Vous êtes indépendant, mais pensez à votre carrière. Virenque, on en parlera encore pendant de longues années". Il a aussi raconté avoir subi des contrôles et des pressions pour ralentir son instruction au moment de l'épreuve. "Il fallait que le Tour aille au bout", a-t-il dit.
Le parcours du juge Patrick Keil, de la Grande Boucle à la grande déprime
LE MONDE | 23.07.09 | 15h32 • Mis à jour le 23.07.09 | 15h32, extraits
Lille Envoyé spécial
Les manches trop longues et les épaules trop larges tombent comme l'as de pique sur son gabarit de poids plume. Patrick Keil est un homme de frêle constitution : 45 kg d'os et de chair qui se répartissent sur 1,57 mètre. Celui qu'on appelait le "petit juge" n'est aujourd'hui qu'un homme en proie à sa déchéance. A 46 ans, dont dix-neuf de magistrature, il attend sans illusion que la garde des sceaux, Michèle Alliot-Marie, signe sa révocation, ainsi que le lui a recommandé le Conseil supérieur de la magistrature (CSM) mardi 21 juillet.
C'est en 2003 que ce presque ex-magistrat a commencé à sombrer. Lui qui il y a onze ans, en juillet 1998, a fait vaciller le Tour de France et son héros d'alors, Richard Virenque. L'ancien juge de l'affaire Festina a chuté. "Cette affaire est pour moi le début de la fin", analyse-t-il aujourd'hui. Alcool, divorce, garde à vue, mise en examen, prison, Patrick Keil s'est perdu à force de dérives. La justice l'a rattrapé au palais de justice de Montpellier, son lieu de travail, le 12 août 2008. Une sombre histoire qui le mènera d'ici quelques mois devant le tribunal correctionnel où il devra répondre de "corruption passive et de violation du secret professionnel".
[...] En 2004, il est muté au parquet de Montpellier. Sa famille reste à Carcassonne. "Là, on m'affecte au service pénal des divorces. Toute la journée, je voyais défiler dans mon bureau des gens qui avaient les mêmes problèmes que moi. Ce que je vivais sur le plan personnel se reproduisait au boulot", déplore-t-il. Au tribunal, les collègues l'évitent. "J'étais le chat noir."
Seul, loin de ses enfants et de ses proches, Patrick Keil s'enfonce dans le désarroi : "N'ayant plus aucune oreille attentive, j'ai trouvé des amitiés dans des endroits où je n'aurais pas dû aller... Et je suis descendu de la gêne à la misère." Keil boit et dépense sans compter. "Finalement, j'aurais dû écouter les conseils amicaux de mes supérieurs au moment de l'affaire Festina. J'aurais eu ma mutation pour La Réunion et les choses auraient tourné différemment", regrette-t-il.
Bernard Kouchner vient de créer un pôle religions au Quai d’Orsay, une première en France
LE MONDE | 25.07.09 | 12h07 • Mis à jour le 25.07.09 | 12h13, extrait
Certains ne manqueront pas d'y voir un nouveau signe de la "laïcité positive" prônée par le président de la République, Nicolas Sarkozy. D'autres, un esprit du temps qui confère aux religions un rôle-clé dans le supposé clash des civilisations. Depuis le 1er juin, un pôle religions s'est installé au sein de la direction de la prospective du ministère des affaires étrangères, une première en France.
Le ministre Bernard Kouchner, à l'origine de cette création, y voit, lui, "un effet de la mondialisation" et une nécessaire "modernisation" des mentalités. La réflexion pour une prise en compte de paramètres religieux était "insuffisante" au sein de la diplomatie française, assure le ministre. "On a intégré la démographie, l'écologie et les pandémies à la réflexion stratégique, pourquoi pas les religions ? Toutes les guerres que j'ai connues comportaient à des degrés divers des histoires de religion", assure-t-il, dans une allusion aux conflits du Kosovo, du Sri Lanka ou du Liban, qu'il a particulièrement suivis.
"Dans certains pays, faire de la politique, c'est parler religion, et inversement. On ne peut pas l'ignorer", défend aussi le responsable du nouveau pôle, Joseph Maïla, spécialiste de l'islam et de la sociologie des conflits, fondateur de l'Institut de formation à la médiation et à la négociation. Et de citer les points chauds de la planète que sont l'Afghanistan, le Pakistan, l'Irak ou l'Iran.
Pas question pour autant d'accréditer l'idée que la plupart des conflits actuels trouvent leur origine ou leur explication unique dans des différends religieux : "Le pôle religions, c'est 6 personnes pour 16 000 diplomates !", relativise le ministre. Mais ses promoteurs soulignent que la diplomatie française, imprégnée des principes de laïcité, se montre parfois en retrait par rapport aux questions religieuses. Aussi le pôle religions devra-t-il sensibiliser les diplomates de la nouvelle génération aux questions religieuses.
"Comment faire de la médiation dans un conflit si on ne connaît pas la différence entre chiisme et sunnisme, entre un grec-orthodoxe et un maronite ?", s'interroge M. Maïla. D'origine libanaise, cet intellectuel catholique, ancien recteur de l'Institut catholique de Paris, s'est intéressé de près à l'accord de Taëf, qui, en 1989, a mis fin à la guerre civile libanaise en redistribuant les pouvoirs au sein des différentes communautés religieuses. "Certains conflits sont résolus par un accommodement entre communautés religieuses", insiste-t-il, tout en précisant : "La finalité du pôle demeure politique et diplomatique, et la diplomatie reste régulée par des valeurs laïques."