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Refaire les Lumières ?
Entre profusion et rareté, quelle place pour l'État ?
ESPRIT, août/septembre 2009
Refaire les Lumières ?
Editorial, extrait
Que veut-on nous faire croire en France plus qu'ailleurs ? Tout simplement que l'État est l'unique issue à une crise financière à l'origine d'une récession catastrophique et d'un dramatique accroissement du chômage. Mais, si c'est vraiment le cas, de quel État s'agit-il ? Essentiellement d'un État protéiforme. D'un côté, il s'endette à l'excès comme les États-Unis en ont montré le mauvais exemple, là où l'Allemagne et la Chine misent, non sans danger également, sur leurs excédents. Or, ce double excès participe d'un même déséquilibre qui pénalise l'avenir.
Par ailleurs, notre État salvateur est un Janus bifrons. D'un côté, soucieux de sa mission régulatrice, l'État (dans sa version place Bauveau où se trouve le ministère de l'Intérieur) prend en charge la sécurité - ce dont a témoigné la première mesure effective du Grand Paris : la création d'un préfet chargé de la police et de la gendarmerie dans quatre départements de la région parisienne. Et de l'autre (dans sa version Bercy), comme il est condamné à se mettre en retrait par manque de moyens, il a pour souci de privatiser, de déréguler, d'organiser la concurrence dans les domaines les plus divers (la politique urbaine, l'hôpital, l'Université...). Le voilà notre État, un État en métamorphose, un État d'autant plus orgueilleux et sûr de lui qu'il se sent fragilisé. On est loin du retour à Keynes annoncé, de l'État social ou de la social-démocratie des Trente Glorieuses...
Mais la stratégie est de mettre l'État au diapason du Monde et de la crise. Comme il doit se prémunir contre les effets d'une mondialisation qui n'affecte pas uniquement l'économie mais trouble notre manière d'être au monde, l'État doit se tourner simultanément vers le local et le global. ...