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Un journaliste de L'Est Républicain poursuivi pour diffamation par Nadine Morano
publié le 06/10/2011 à 17:18, mis à jour à 17:18, par l'Express
NANCY - Un journaliste du quotidien L'Est Républicain comparaît vendredi devant le tribunal correctionnel de Nancy, poursuivi pour diffamation par Nadine Morano qui lui reproche un billet paru en mars faisant état d'un incident survenu dans un aéroport italien.
L'article litigieux, titré "Caprice", relatait que Mme Morano, ministre de l'Apprentissage et de la Formation professionnelle, aurait refusé de passer les contrôles de sécurité à l'aéroport de Rome-Fiumiccino, lors d'un déplacement privé le 4 mars.
La ministre a utilisé la procédure de citation directe devant le tribunal correctionnel pour attaquer le directeur de la publication et l'auteur de l'article.
"Le journaliste de L'Est Républicain a fait son travail, il a vérifié son information avant de rédiger un billet, au demeurant mesuré en comparaison avec ce qu'on peut lire ou voir par ailleurs sur la ministre", a expliqué à l'AFP le rédacteur en chef de L'Est Républicain, Rémi Godeau.
Nadine Morano a estimé au contraire que la version présentée par le journal était "mensongère".
"Un ministre ne passe jamais le contrôle avec le public, mais par un salon privé. Et je n'ai pas refusé le contrôle, c'est n'importe quoi", a-t-elle affirmé jeudi à l'AFP.
Mme Morano s'en était déjà pris au quotidien régional en janvier après la parution d'un cliché qui lui avait déplu, en interdisant au photographe incriminé de la prendre à nouveau en photo.
"J'exerce mon droit à l'image. Plus jamais vous ne me prendrez en photo, c'est fini !", lui avait-elle lancé lors d'une réunion de l'UMP locale.
Par AFP
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Dans son réquisitoire, le procureur Raymond Morey a pourtant estimé que le journaliste n'avait "pas pris toutes les précautions, sans preuves directes". "J'estime que le journaliste n'est pas en mesure de démontrer qu'il a mené une enquête sérieuse, et qu'il a manqué de prudence", a-t-il expliqué, en soulignant que c'était "bien la ministre qu'on (voulait) atteindre, avec l'idée qu'on vise l'institution".
La veille, le rédacteur en chef de L'Est Républicain, Rémi Godeau, avait défendu son journaliste, en expliquant qu'il "a fait son travail, il a vérifié son information avant de rédiger un billet, au demeurant mesuré en comparaison avec ce qu'on peut lire ou voir par ailleurs sur la ministre".
MME MORANO S'EN ÉTAIT DÉJÀ PRIS AU QUOTIDIEN RÉGIONAL EN JANVIER
L'avocat de Mme Morano, Me Bernard Thibaut, a pour sa part pointé "la presse, qui s'érige en censeur et qui fait respecter les lois de la morale, mais qui doit aussi vérifier la réalité des choses qu'elle écrit". La ministre réclame 15 000 euros de dommages et intérêts. Une somme jugée "démesurée" par l'avocate de la défense, Me Marie-José Vohmann, qui s'est étonnée des réquisitions du parquet qui, "manifestement, a agi sur ordre".
"C'est un dossier extrêmement important qui touche à nos valeurs démocratiques, à la liberté d'information. Tout un chacun connaît Mme Morano : alors qu'on sait que la presse régionale est dans une situation difficile, on lui dit 'Taisez-vous, sinon...', en réclamant 15 000 euros!" "On a vraiment l'impression que Mme Morano cherche à museler la presse", a conclu l'avocate.
De source http://www.lemonde.fr/politique/article/2011/10/07/1-500-euros-requis-contre-l-est-republicain-accuse-d-avoir-diffame-morano_1584092_823448.html