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Maltraitance : l'hôpital de Clermont montré du doigt
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Oise : l’hôpital de Clermont épinglé pour maltraitance
Le Parisien | Claire Guédon | Publié le 10.11.2011, 07h00
Un rapport confidentiel de l’Inspection des affaires sociales déplore une « maltraitance institutionnelle » au sein de l’établissement psychiatrique de Clermont, dans l’Oise.
« Conditions d’accueil des patients indignes », « maltraitance »… Un rapport confidentiel de l’inspection générale des affaires sociales (Igas), dont notre journal a pu prendre connaissance, critique violemment le fonctionnement de l’hôpital psychiatrique de Clermont, dans l’Oise, l’un des dix plus grands hôpitaux de France dans sa spécialité.
Ce document de 220 pages rédigé à la fin 2010 n’a jamais été publié, par crainte, nous dit-on, de l’impact social qu’il aurait pu avoir — l’établissement étant l’un des principaux employeurs de la région. Depuis, quelques mesures ont été engagées pour tenter de corriger certains « dysfonctionnements » épinglés par les experts. En mai dernier, notamment, la directrice a été forcée au départ. Mais, comme le soulignent les familles des patients et le directeur de l’établissement lui-même (lire ci-dessous), l’essentiel reste à faire. Trois points principaux émergent de ce document.
Des faits avérés de « maltraitance institutionnelle ». Ils sont dus notamment à la grande vétusté des bâtiments. « ans un pavillon, par ailleurs sordide, les plafonniers centraux [des chambres] sont allumés vingt-quatre heures sur vingt-quatre, pratique que la Cour européenne des droits de l’homme a jugé en 1984 contraire à l’article 3 de la convention européenne des droits de l’homme. » Dans la même unité, « pas de sanitaires dans les chambres […], des WC situés dans la salle de bains, qui est fermée à clé la nuit, ce qui oblige les patients à utiliser un seau hygiénique », relève l’Igas.
Des « pratiques soignantes défaillantes » et des protocoles thérapeutiques pas toujours réévalués. L’état physique et vestimentaire des patients (parfois en « guenilles »), l’enfermement « en permanence » pratiqué dans certains services (malgré un parc très vaste) sont également mis en cause dans le rapport. « Tout celà ne peut être qualifié d’ordinaire de la psychiatrie, mais relève d’une mauvaise prise en charge, d’un abandon des malades », précise l’enquête.
Le rapport n’épargne pas non plus les médecins. «  Assiduité trop faible », « absences non justifiées », « laxisme », égrène l’Igas, qui estime « le temps perdu médical à l’équivalent de 24 postes de médecin ».
L’établissement ne se résume toutefois pas au pire. L’Igas le rappelle aussi dans son rapport, citant des « services de très grande qualité », comme l’unité récente de Compiègne. Une maison d’accueil spécialisée (MAS) ultramoderne de 60 places a ouvert le 2 novembre, près de Clermont. Elle accueille des patients dont certains étaient jusqu’alors hospitalisés dans les pavillons « indignes ».
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