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Banon : « j'ai l'impression que mon agresseur devra répondre de ses actes »
Perpignan Banon : "J'ai l'impression que mon agresseur devra répondre de ses actes"
Recueilli par JULIEN MARION (L'INDEPENDANT)
20/11/2011, 11 h 01, Midi Libre
Tristane Banon était à hier à la Fnac de Perpignan pour dédicacer son livre "Le Bal des hypocrites".
Pourquoi avoir écrit ce livre qui retrace votre vie depuis l'incarcération à New York de Dominique Strauss-Kahn le 14 mai ?
Je l'ai écrit sans penser à la publication. Ce livre est une thérapie. Depuis l'incarcération de mon agresseur et le déferlement médiatique qui a suivi, ça n'a pas été facile de rester debout et en vie. Pendant huit mois, la presse a dit beaucoup de mensonges sur mon compte. J'aurais pu répondre point par point toutes les 30 secondes face aux attaques.
J'ai préféré au contraire avaler encore et encore ces mensonges, ces attaques sans m'exprimer publiquement. Cette solution avait ses limites. Il fallait qu'à un moment, je puisse recracher la vérité. Ce n'était pas possible sur 20 minutes dans les médias. J'avais besoin de 120 pages.
Pourquoi avoir choisi Au Diable Vauvert comme éditeur ?
Je voulais qu'il sorte dans une maison d'édition indépendante, engagée pour le combat des femmes. Je n'ai pas voulu faire un coup, quand des maisons m'ont proposé beaucoup d'argent.
Dans ce livre, on comprend pourquoi vous avez porté plainte huit ans après ?
Pendant cette période, j'ai imaginé que je pouvais penser à autre chose. Je ne voulais pas être la femme qui a eu un problème avec DSK. J'ai déposé plainte car je ne supportais plus de voir ce criminel survivre à tout.
Comment allez-vous ?
C'est un peu comme si on demandait après une guerre au soldat victorieux s'il va bien. Ça va parce que ça ne va pas plus mal. J'ai beaucoup perdu pendant neuf mois, mon métier, des amis, la santé.
Après, la décision du parquet de reconnaître que j'ai été victime d'une agression sexuelle en 2003, a été une victoire car pour la première fois, j'ai l'impression que mon agresseur devra répondre de ses actes.
Vous vous êtes rapprochée d'associations féministes ?
Combattre les violences faites aux femmes n'est pas un combat féministe, mais humaniste. J'ai juste découvert, après le déferlement de propos machistes dont j'ai été victime, comme Nafissatou Diallo, que ces combats ne sont pas partagés par tous.
Aujourd'hui, les associations féministes veulent qu'une nouvelle loi voit le jour pour rallonger le délai de prescription qui n'est que de trois ans pour une agression à caractère sexuelle. Si elle voit le jour, cela me permettra de tourner la page. Et je n'aurais pas vécu toutes ces douleurs pour rien.