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Le Canard Enchaîné, assigné par Bouygues, défend son enquête
"Pentagone français": Le Canard Enchaîné, assigné par Bouygues, défend son enquête
(AFP) – Il y a 5 heures
PARIS — Les auteurs d'un article du Canard Enchaîné, qui fait état de soupçons de corruption sur l'attribution du chantier du futur "Pentagone français" remporté par le groupe Bouygues, ont défendu mercredi la rigueur de leur enquête devant la justice saisie par le géant du BTP qui réclame neuf millions d'euros à l'hebdomadaire.
Cette somme "faramineuse" ne correspond à aucun préjudice pour le groupe de BTP, s'est indigné Me Antoine Comte, avocat de l'hebdomadaire satirique attaqué pour "diffamation".
Il a en revanche demandé au tribunal de condamner Bouygues à un euro symbolique pour "abus de procédure". "Ce qu'on veut ici, c'est faire taire, censurer, dire que personne n'a le droit de parler" de procédures judiciaires en cours, a plaidé l'avocat.
Le tribunal rendra sa décision le 14 mars.
L'article incriminé, paru le 7 décembre, révélait qu'une information judiciaire pour corruption et trafic d'influence était ouverte depuis février 2011 sur d'éventuelles malversations lors de l'attribution au groupe Bouygues du chantier du futur siège du ministère de la Défense dans le quartier Balard (XVe arrondissement de Paris).
Trois journalistes du Canard se sont succédé à la barre pour décrire les étapes de leurs investigations depuis la première information obtenue par l'un deux, recoupée par ses collègues, jusqu'à la parution finale, après plusieurs semaines d'enquête.
"Nous ne nous communiquons pas nos sources entre nous, nous en faisons part au rédacteur en chef qui vérifie que ce ne sont pas les mêmes", a dit Christophe Nobili, l'un des auteurs de l'article.
Avec un total de "huit sources différentes", il a estimé que l'hebdomadaire satirique avait pris "toutes les précautions s'imposant".
"J'ai demandé (à une des sources, ndlr) +Est-ce que Bouygues est concerné ?+ et on m'a dit +Bouygues est concerné+", a déclaré M. Nobili.
L'avocat du groupe Bouygues, Me Olivier Metzner a fait feu de tout bois pour montrer que cette affaire est "le procès du ragot, de la rumeur, de tout ce qui est anonyme".
Il a notamment tenté d'expliquer que l'article était biaisé car Bouygues n'était pas le signataire du marché d'attribution du chantier remporté par un groupement de sociétés baptisé "Opale-Défense".
Le groupe Bouygues est le "mandataire unique" et "le chef d'orchestre" de ce groupement, a répliqué le journaliste Hervé Liffran, co-signataire de l'article.
"Bouygues a toujours été cité par mes sources", a abondé sa consoeur Dominique Simonnot qui a contribué au papier.
"On vous affirme des choses que tout le monde dit (...) on va comme ça à l'aventure, on se contente de bruits qui n'ont pas l'autorité de la chose jugée", a critiqué Me Metzner. Il a questionné l'identité des "sources": "celui qui fait le photocopie ? Celui qui fait le café ?".
Pour attester de sa crédibilité, Le Canard avait fait citer deux journalistes de l'AFP et de Reuters qui avaient eu, de source judiciaire, confirmation de l'information de l'hebdomadaire sur l'ouverture d'une instruction confiée à deux juges parisiens sur les conditions d'attribution de ce marché de grande envergure.
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