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Hitler n'est plus tabou, parfois pour le meilleur, souvent pour le pire
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Hitler n'est plus tabou, parfois pour le meilleur, souvent pour le pire
Le Parisien | Publié le 25.01.2012, 08h52, extrait
Recyclé par la publicité, les humoristes et les artistes, instrumentalisé par les politiques, Hitler n'est plus tabou, parfois pour le meilleur mais souvent pour le pire, s'alarme un auteur allemand.
"La première génération qui en apprendra plus sur Hitler et le Troisième Reich sur YouTube que dans les cours d'Histoire, semble déjà née", constate Daniel Erk, auteur d'un livre sur le sujet ("So viel Hitler war selten", "Hitler a rarement été aussi présent", aux éditions Heyne).
L'ouvrage vient de sortir en Allemagne, où la publication d'extraits de Mein Kampf pour la première fois depuis 1945 a fait débat ce mois-ci.
Certes, "il faut se féliciter que 70 ans après, la plupart des gens se rappellent encore de quelque chose sur Hitler et l'Holocauste" qui a fait plus de six millions de morts, "mais est-ce que (ces souvenirs) doivent être quasiment exclusivement des clichés et des mauvaises blagues?", s'interroge-t-il.
La publicité, "qui a dépassé la limite du mauvais goût depuis longtemps" porte sa responsabilité. Non seulement Hitler n'y est plus tabou, mais le Führer fait vendre, remarque ce Berlinois trentenaire, auteur d'une thèse sur l'humour et le nazisme.
Parmi d'autres, une campagne néo-zélandaise pour la chaîne de pizzerias Hell. Le visage du dictateur y apparaît sous forme d'une trace de graisse sur un vieux carton à pizza, avec le slogan "il est possible de faire croire aux gens que le ciel est l'enfer", citation déformée de Mein Kampf.
Ou celle pour des nouilles indonésiennes, capables d'atténuer même la haine d'Hitler envers les Juifs.
Hitler est aussi régulièrement utilisé comme métaphore du mal dans des campagnes de prévention du sida: une femme faisant l'amour avec un partenaire séropositif, qui se révèle être le Führer, pour la Journée mondiale contre le sida 2009, par exemple.
"Le danger est qu'Hitler (...) ne fasse bientôt pas plus peur que Gargamel n'effraie les Schtroumpfs", relève M. Eck, qui recense et analyse sur son blog des centaines de publicités, livres, chansons ou discours faisant référence au Führer, depuis 2006.
Le dirigeant nazi a inspiré de nombreux films de science-fiction, dont des adaptations de Star Trek "mettant en scène des clones d'Hitler", tandis que "d'innombrables parodies télé, jeux vidéos, et romans (...) l'ont fait entrer dans la pop-culture".
"Il ne faudrait pas laisser la transmission de l'Histoire à des publications de boulevard, aux comiques et à Hollywood (...) car la +banalisation du mal+ avance inlassablement", s'alarme M. Eck.