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Le big bang, le trou noir ou l'art de l'effroi
Les possibilités presque infinies de la peur comme stimulis dictant le comportement des hommes étaient connues bien avant la révolution d'Octobre. Jean Delumeau défini la peur chez l'individu comme un choc émotif, souvent précédé d'un évènement imprévu et provoqué par la conscience d'un danger latent et écrasant, qui nous semble menacer notre sécurité. Gustave Le Bon découvre, lui, que la peur démesurée des foules complique et transforme considérablement l'individu. • La machine et les rouages, Gallimard, 1994, p111-112
LOURDES, le 7 avril 2006, extrait - L'Eglise catholique, dont les évêques ont achevé vendredi à Lourdes quatre jours de travaux à huis-clos, mesure "l'anxiété majeure" et la "souffrance" des Français, notamment des jeunes, et entend "contribuer" à les combattre, mais déplore le "discrédit" du politique. Comme elle l'a souvent fait, depuis un siècle, à l'occasion des graves crises ou des drames que le pays a connus, l'Eglise a tenu à s'exprimer, pour montrer son extrême attention aux problèmes de la jeunesse et de la société "angoissée".
L'art de l'effroi, voir l'entretien du 7 novembre 2002 avec Paul VIRILIO, par Thierry FABRE. Paul Virilio, philosophe et urbaniste, est l’un des analystes de la guerre et des critiques des technologies contemporaines les plus importants de notre époque. Ses nombreux ouvrages mettent en garde l’homme contre les nouveaux périls créés par les sciences modernes. Son thème de prédilection, c’est l’accident. Chaque nouvelle technique recèle un nouveau type d’accident, un risque inédit. On assiste dès lors à des manifestations qu’il qualifie d’“intempéries de la culture”, comme il y a des intempéries de la nature.
Inquiétudes sur le rôle conféré aux religions par Nicolas Sarkozy
VERBATIM
DEUX DISCOURS DE NICOLAS SARKOZY
NICOLAS SARKOZY « Dieu n'asservit pas l'homme mais le libère »
Article paru dans l'édition du Monde du 18.01.08
Reportage
Le 14 janvier, devant le Conseil consultatif saoudien, à Riyad...
« Sans doute musulmans, juifs et chrétiens ne croient-ils pas en Dieu de la même façon. Mais au fond, qui pourrait contester que c'est bien le même Dieu auquel s'adressent leurs prières ? Dieu transcendant qui est dans la pensée et dans le coeur de chaque homme. Dieu qui n'asservit pas l'homme mais qui le libère (...). Ce n'est pas le sentiment religieux qui est dangereux. C'est son utilisation à des fins politiques régressives au service d'une nouvelle barbarie. (...) Le sentiment religieux n'est pas plus condamnable à cause du fanatisme que le sentiment national ne l'est à cause du nationalisme.
Je respecte ceux qui croient au Ciel autant que ceux qui n'y croient pas. ... »
150 ans après les "apparitions" de la Vierge, Lourdes reste portée par la ferveur populaire
LE MONDE | 12.09.08 | Extrait
LOURDES ENVOYÉE SPÉCIALE
A Lourdes, les pistes cyclables sont rouges et réservées aux fauteuils et aux lits roulants. Des files disciplinées embouteillent régulièrement le trafic. Pimpante dans sa blouse blanche, Joselyne, 57 ans, pousse avec bonne humeur le fauteuil de Renée, 83 ans, dans les rues pentues de la ville et des sanctuaires dédiés à la Vierge.
Convaincu de l'importance de Lourdes dans la piété populaire en ce début de XXIe siècle, le pape Benoît XVI consacrera la plus grande partie de son voyage en France à ce lieu de pèlerinage, qui fête le "150e anniversaire des apparitions de la Vierge". Il effectuera, samedi 13 septembre, le "chemin du jubilé", ralliant en papamobile l'église paroissiale où fut baptisée Bernadette Soubirous au "cachot" où vécut sa famille, puis à la grotte où la Vierge, entre février et juillet 1858, serait apparue à dix-huit reprises à la jeune bergère.
Prompte à raconter sa vie, Joselyne avoue qu'une "promesse à Marie" la ramène sur le chemin de Lourdes tous les étés depuis onze ans. Cette année, elle a endossé l'uniforme désuet des "hospitaliers", ces fidèles qui, durant quatre à cinq jours, se mettent au service des malades. Renée n'attend pas de miracle de son pèlerinage. "Je viens juste chercher la force de continuer. Et j'espère voir au ciel la Vierge que j'ai rencontrée à Lourdes."
Des Renée et des Joselyne, Lourdes en voit passer à longueur de saison, de mars à novembre.
Benoît XVI a tenté d'apaiser la querelle laïque et dénoncé le fondamentalisme
LE MONDE | 13.09.08 | Extrait
La politique, l'intelligence et la foi : en une journée, vendredi 12 septembre, Benoît XVI a capté l'âme de Paris. A l'Elysée, les autorités de l'Etat ; au Collège des Bernardins, l'intelligentsia ; à Notre-Dame, la famille des croyants. Et Paris a découvert un pape qui, aux antipodes de sa caricature, n'assène rien, ne polémique pas, démine les terrains. Cela tient à la douceur d'une voix, à la retenue d'un geste, à l'élévation d'un discours. Libre, il professe ce qu'il a à dire, ne demande qu'à être entendu. A l'Elysée, aux Bernardins, le plus étonnant fut la qualité des silences.
Nicolas Sarkozy a-t-il été touché par cette grâce apaisante ? Son discours de Latran sur la laïcité, en décembre 2007, à Rome, avait provoqué un ouragan. Ce vendredi, à l'Elysée, devant Benoît XVI, il en a gommé les aspérités, sans rien céder sur le fond. Il n'a plus opposé l'"instituteur" au "curé", a ignoré la gestation douloureuse de la séparation Eglise-Etat de 1905. Il a énoncé ce qui est, pour lui, le bon sens : ce serait une "folie", une "faute contre la culture et la pensée" de se priver du "patrimoine vivant" des religions.
Il a renouvelé son appel à une "laïcité positive", "ouverte", qu'il définit comme "une invitation au dialogue et à la tolérance". Le président de la République reprend le vocabulaire même du pape, dénonçant le "relativisme qui exerce une séduction croissante", l'" égoïsme" qui menace les relations entre les nations. Et il fixe les chantiers comme la bioéthique où cette laïcité pourrait se déployer.