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Société générale : une hiérarchie peu curieuse
Société générale : face aux falsifications de Jérôme Kerviel, une hiérarchie peu curieuse
LE MONDE | 13.03.08 | Extraits
Eric Cordelle, 36 ans, diplômé de Polytechnique et de l'Ecole nationale de la statistique et de l'administration économique (Ensae), est probablement un bon professionnel. Un cadre pour qui les relations, au sein d'un service, sont fondées sur "la confiance".
C'est en tout cas ce qu'il raconte, jeudi 6 mars, dans le cabinet du juge Renaud Van Ruymbeke, en présence de Jérôme Kerviel, ce trader suspecté d'avoir fait perdre 4,9 milliards d'euros à la Société générale.
... "Cela arrive fréquemment qu'un membre d'une équipe dégage 50 % du résultat", assure pourtant Eric Cordelle. Jérôme Kerviel réplique, sur procès-verbal : "Cela me paraissait aberrant qu'il ne se pose pas de questions."
En deux phrases, c'est toute une instruction qui est résumée. D'un côté, un homme qui a effrontément joué une carte biaisée, produisant des faux pour couvrir des investissements risqués n'entrant pas dans le cadre de sa mission. De l'autre, une hiérarchie péchant par naïveté, trop cloisonnée pour s'émouvoir d'alertes régulières.
Eric Cordelle, encore : "J'ai posé cinquante fois la question à Jérôme (…), à chaque fois les réponses de M. Kerviel m'ont convaincu." Et le trader de répliquer : "J'étais évasif dans mes réponses."