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Sébire: « L'autopsie, un ordre de Paris »
Sébire: "L'autopsie, un ordre de Paris"
leJDD.fr, Vendredi 21 Mars 2008, extraits
Deux jours après la mort de Chantal Sébire, la loi Leonetti, qui ne lui accordait pas le droit à mourir, pourrait être revue. Me Thierry Berland, qui a accompagnée Mme Sébire dans ses recours légaux, explique au JDD.fr pourquoi cette loi est bancale, et la difficulté de juger des demandes sur l'euthanasie. Il s'insurge, aussi, contre la tournure politico-judiciaire prise par l'affaire.
La justice se nourrit de jurisprudences. Est-ce plus difficile pour le juge de sortir du texte lorsqu'il s'agit d'une question aussi sensible que l'euthanasie?
Je crois en effet que la question posée est tellement essentielle, fondamentale, que c'est plus difficile. Je n'aurais pas aimé être à la place du magistrat. L'euthanasie, c'est une question très lourde à gérer pour un juge seul, d'autant plus quand la Garde des Sceaux et le président de la République disent qu'il ne faut pas accéder à la requête...
Vous pensez que le juge a collé au texte pour se décharger d'une éventuelle jurisprudence polémique?
Je ne dis pas qu'il a botté en touche, mais il s'est dit que c'était à la cour d'appel et à la cour de Cassation de trancher cette question. Moins la matière est humaine, plus le juge se permet une marge de manoeuvre, un confort. Plus ça va à l'essentiel, plus il prend de précautions. C'est la nature humaine, et je le répète, ce n'est pas facile d'être juge. En ce qui concernait notre requête, dans les deux cas, c'était difficile pour lui. Il l'acceptait et il disait oui à une mort dans les 24 heures. Soit c'était plus tard, avec les souffrances...
Finalement, Chantal Sébire est morte rapidement et une enquête est ouverte...
L'autopsie, ce n'était vraiment pas la peine. C'est pour dire quoi, que quelqu'un l'a aidée...? Moi, je ne le sais pas... Si on veut une deuxième affaire Humbert, et bien qu'on la fasse...
Ce qui veut dire que "l'affaire" est devenue trop politique?
Depuis le début, le dossier est piloté par Paris. Le parquet de Dijon ne voulait pas de l'autopsie. On l'a contraint à la faire, et les déclarations du procureur mercredi soir le montrent. L'autopsie, c'est Paris qui l'a ordonnée. C'est pour cela que Me Antonowicz (l'avocat de la famille de Chantal Sébire, ndlr) s'est énervé.