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Les mères porteuses permettent le « gay baby boom »
NEW YORK (AFP) - La procréation par recours à des mères porteuses est en train de révolutionner la famille traditionnelle aux Etats-Unis, et permet à un nombre croissant d'homosexuels de devenir pères.
Katherine et Connor sont jumeaux. A presque trois ans, ils vivent avec leurs pères, Michael Eidelman et A.J. Vincent, dans le quartier de Chelsea à New York. Les deux hommes ont investi amour, temps et quelque 150.000 dollars dans l'édification de cette famille.
Chacun des deux hommes est le père biologique de l'un des jumeaux, conçus "in vitro" grâce aux ovules acquis auprès d'une femme de l'Etat de Washington (nord-ouest). Portés par une femme de l'Ohio (nord-est), les enfants sont nés à Los Angeles (Californie, ouest), où la législation sur l'état-civil est plus permissive.
"Bien sûr nous avons des défis à relever, personne ne peut prévoir ce qui va se dresser en travers du chemin, mais c'est sans doute ce que j'ai fait de plus gratifiant dans ma vie", raconte à l'AFP Michael Eidelman, un dermatologue de 40 ans qui exerce à New York.
Pour mener à bien leur projet, les deux hommes ont eu recours à "Circle Surrogacy", une agence située dans le Massachussetts (nord, est), autre Etat où les lois sont plus souples.
"C'est une affaire très rentable", reconnaît John Weltman, président de "Circle". "En 12 ans notre croissance a été de 6.000% (... et) nous comptons doubler nos profits dans les deux années et demi à venir".
Son agence a commencé avec 10% de clients homosexuels et en compte maintenant 80%, provenant de 29 pays. "Sur les 250 couples que nous avons aidés, seuls quatre se sont séparés, soit moins de 2% de ruptures comparés à la moyenne nationale de 50%", souligne-t-il.
Le "gay baby boom" est constatable dans les parcs comme dans les garderies: des familles composées d'un ou plusieurs enfants et de deux pères ne surprennent plus à New York, où le mariage homosexuel reste toutefois impossible.
Sanford Benardo, président d'une autre entreprise spécialisée de Boston, le "Northeast Assisted Fertility Group", affirme avoir des clients aux Etats-Unis, en Asie, au Proche-Orient et même en Europe, où ces opérations commerciales sont interdites.
Le recours à ces agences coûte au moins 100.000 dollars: la mère porteuse reçoit environ 25.000 dollars et la mère biologique, qui fournit l'ovule, entre 4 et 10.000 dollars, alors que le reste sert à payer l'agence, les frais médicaux et légaux.
Avec l'adoption, cette nouvelle pratique aboutit à un véritable "gay baby boom". En l'absence de statistiques certifiées, l'Académie américaine de pédiatrie estime qu'actuellement entre 1 et 9 millions d'enfants mineurs vivent avec des parents du même sexe.
Henry est un beau bébé aux yeux bleus qui aura 2 ans en août, fils de Christopher Hietikko et de Jeffrey Parsons, deux quadragénaires qui vivent à New York. Il connaît sa mère Jessica, une lesbienne de Californie qui l'a mis au monde.
"Nous sommes très proches d'elle, nous ne voulions pas de ce côté commercial", raconte à l'AFP Jeffrey Parsons, professeur de psychologie. Henry est né d'un "cocktail" de ses deux pères, qui prévoient un test ADN pour déterminer lequel d'entre eux doit être le père du petit frère.
En mars, la famille est partie en croisière avec quelque 500 enfants de parents homosexuels: "ce qui était évident, c'est à quel point ces enfants sont aimés et le savent", conclut Jeffrey Parsons.