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Le procureur Lesigne fermement défendu par ses collègues magistrats
PARIS (AFP) - Le procureur Gérald Lesigne, jugé par le Conseil supérieur de la magistrature (CSM) pour sa responsabilité présumée dans le fiasco d'Outreau, a été fermement défendu mercredi par des collègues magistrats qui ont raconté leur "communauté de vues" avec lui à l'époque de l'enquête.
L'audience, suspendue après un dernier témoignage de haut magistrat, a été prolongée jusqu'à jeudi à la mi-journée.
Gérald Lesigne, 60 ans, procureur de la République de Boulogne-sur-Mer (Pas-de-Calais), sera alors fixé sur la sanction souhaitée par la Chancellerie, qui avait décidé en 2006 de le renvoyer devant l'organe disciplinaire de la magistrature.
L'"avis" du CSM - destinée à Rachida Dati à qui appartient la décision finale - sera rendu vraisemblablement courant juillet.
Au troisième jour de l'audience, ouverte lundi à la Cour de cassation à Paris, plusieurs magistrats de la cour d'appel de Douai (Nord) ont témoigné leur soutien à Gérald Lesigne, auquel qui est reproché un "manque de rigueur" dans son traitement de l'affaire de pédophilie.
"Au moment où l'information (judiciaire) se développait, il y avait une communauté de vues (...) aucune raison d'avoir des divergences" avec les poursuites engagées au tribunal de Boulogne, a déclaré Didier Beauvais, président de la chambre de l'instruction de la cour d'appel.
"Ayant à nouveau le dossier entre les mains, j'aurais requis de la même manière", a affirmé de son côté Philippe Muller, magistrat du parquet général de la cour à qui avait été soumis le dossier en 2003, avant le renvoi aux assises de 17 personnes accusées d'avoir participé à des abus sexuels sur mineurs.
Parmi ces 17 accusés, treize seront finalement innocentés, sept lors du premier procès en 2004 et six autres en appel l'année suivante.
Dans l'après-midi, l'ex-procureur général de Douai, Jean-Amédée Lathoud, a également fait corps avec Gérald Lesigne en se défendant d'avoir insuffisamment contrôlé le travail du juge d'instruction Fabrice Burgaud - qui sera également jugé par le CSM.
Il a expliqué que fin 2001-début 2002 à l'époque des mises en examen il "ne suivait pas personnellement" le dossier, mais que personne, au sein du parquet général ou parmi les différentes parties, ne l'avait alerté sur les risques d'accusations infondées.
"Jamais un avocat n'est venu me dire +attention ils sont en train de faire n'importe quoi (...) on court à la catastrophe+", a fait remarquer l'actuel procureur général de Versailles.
Un des principaux griefs retenus pour justifier la comparution disciplinaire de M. Lesigne est un supposé manque de communication avec le parquet général au premier semestre 2002, époque où la presse nationale relate les premières rétractations d'un suspect, a rappelé Jean-Louis Nadal, qui préside la formation du CSM chargé de juger les magistrats du parquet.
C'est le 20 novembre 2001, après la mise en cause d'une demi-douzaine de notables de la région de Boulogne et un début de médiatisation au niveau national, que le procureur général Lathoud dit avoir signalé à la Chancellerie l'affaire d'Outreau.
Mais à l'époque, précise-t-il, il s'agissait d'une affaire "signalée" (requérant une attention particulière) parmi "200 à 300" autres dans les onze TGI du ressort d'une cour d'appel en "manque de moyens".
Reprise jeudi à 08H30 avec les réquisitions du directeur des services judiciaires, Léonard Bernard de la Gatinais, représentant de la Chancellerie, qui laissera ensuite la parole aux deux défenseurs de M. Lesigne.
PARIS (AFP) - Plusieurs magistrats de la cour d'appel de Douai (Nord) ont témoigné mercredi devant le Conseil supérieur de la magistrature (CSM) de la "communauté de vues", qui existait lors de l'instruction de l'affaire d'Outreau entre le procureur Gérald Lesigne et sa hiérarchie.
Ils étaient entendus au troisième jour de la comparution en audience disciplinaire du procureur de la République du TGI de Boulogne-sur-Mer (Pas-de-Calais), jugé par ses pairs pour "manque de rigueur" dans le traitement de cette affaire de pédophilie qui s'était soldée par un fiasco judiciaire.
"Au moment où l'information (judiciaire) se développait, il y avait une communauté de vues (...) aucune raison d'avoir des divergences" avec les poursuites engagées au tribunal de Boulogne, a déclaré Didier Beauvais, président de la chambre de l'instruction de la cour d'appel. "Ayant à nouveau le dossier entre les mains, j'aurais requis de la même manière", a affirmé Philippe Muller, magistrat du parquet général de la cour à qui avait été soumis le dossier en 2003, avant le renvoi aux assises de 17 personnes accusées d'avoir participé à des abus sexuels sur mineurs.
Parmi ces 17 accusés, treize seront finalement innocentés, sept lors du premier procès en 2004 et six autres en appel l'année suivante. Après le témoignage de l'ancien procureur général de Douai Jean-Amédée Lathoud attendu en début d'après-midi, un représentant de la Chancellerie (qui avait renvoyé M. Lesigne devant le CSM en 2006) devait annoncer ses réquisitions, puis laisser la parole à la défense du procureur. L'"avis" du CSM - soumis au garde des Sceaux à qui revient la décision finale - sera mis en délibéré à plusieurs semaines, vraisemblablement courant juillet.
Le procureur Gérald Lesigne, jugé par ses pairs pour sa responsabilité présumée dans le fiasco judiciaire d'Outreau, a admis mardi ses erreurs d'appréciation pendant l'enquête, mais assuré que sa hiérarchie avait toujours pu se forger elle-même un avis sur les poursuites engagées.
Après l'audience, prévue jusqu'à mercredi voire jeudi, le CSM mettra son avis en délibéré à plusieurs semaines. Il reviendra ensuite à Rachida Dati de décider d'une éventuelle sanction.
"Le parquet général avait le dossier également, il pouvait se forger une opinion", a déclaré le procureur de la République de Boulogne-sur-Mer (Pas-de-Calais), au deuxième jour de sa comparution devant le Conseil supérieur de la magistrature (CSM), l'organe disciplinaire de la profession. M. Lesigne était interrogé sur un des principaux griefs ayant incité le garde des Sceaux Pascal Clément à le renvoyer devant le CSM en 2006, à savoir un supposé manque de communication avec le parquet général de Douai (Nord) sur son traitement de l'affaire de pédophilie.
Au printemps 2001, le procureur adresse au parquet général un rapport expliquant que l'enquête s'oriente désormais vers "un trafic international" de cassettes vidéo pédophiles, via une société exploitée par deux Français en Belgique. Des soupçons qui amplifient une affaire circonscrite jusqu'alors à la famille Delay et à son voisinage - à Outreau près de Boulogne -, mais qui s'avéreront ensuite faux.
Au total, sept des 17 accusés au premier procès d'assises en 2004 seront acquittés, rejoints par six autres lors du procès en appel en 2005.
Après l'audience, prévue jusqu'à mercredi voire jeudi, le CSM mettra son avis en délibéré à plusieurs semaines. Il reviendra ensuite à Rachida Dati de décider d'une éventuelle sanction.