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Les cinq suspects libérés dans l'affaire des Buttes-Chaumont
PARIS (Reuters) - Les cinq adolescents de 14 à 17 ans interrogés dans l'enquête sur des violences intercommunautaires samedi à Paris ont bénéficié du statut de témoin assisté et ont été libérés par un juge d'instruction dans la nuit de mardi à mercredi, apprend-on de source judiciaire.
La magistrate, Géraldine Rigollot, n'a pas suivi le procureur qui demandait leur mise en examen pour "violences avec armes en réunion" avec la circonstance aggravante de l'antisémitisme, ainsi que le placement en détention provisoire de quatre d'entre eux, le cinquième n'étant pas incarcérable en raison de son âge.
Aucun suspect véritable n'a donc été pour l'instant arrêté dans l'enquête sur ces violences de samedi qui, a précisé le parquet, ont fait au total quatre blessés samedi dernier.
Selon le parquet, l'enquête a établi que les cinq jeunes gens qui avaient été placés en garde à vue samedi n'étaient pas parmi les auteurs des coups infligées à un jeune Juif de 17 ans, Rudy, dans le XIXe arrondissement, mais qu'ils étaient présents sur les lieux.
Le parquet souhaitait leur mise en cause sur le fondement de témoignages, soit pour la bagarre ayant immédiatement précédé le passage à tabac du jeune Rudy, soit pour d'autres affrontements plus tôt dans la journée dans le même quartier.
La juge d'instruction a estimé que les éléments d'enquête étaient insuffisants pour le faire. Le parquet disait étudier mercredi la possibilité d'un appel.
LA MÈRE DE RUDY PARLE
Le jeune Rudy, un apprenti plombier résidant à Pantin connu de la police pour des violences commises en décembre en marge d'une réunion de mouvements juifs militants à Bercy, est sorti du coma lundi après-midi. Il était toujours hospitalisé mercredi dans un état grave et il pourrait subir des séquelles neurologiques.
Le procureur de Paris, Jean-Claude Marin a précisé mardi que son passage à tabac était à replacer dans une série de violences entre "bandes communautaires" samedi, qui participent d'un climat de violence ancien dans le XIXe.
Après une première bagarre près de la mairie du XIXe entre des jeunes Juifs et des jeunes Noirs, un jeune Juif a été agressé et légèrement blessé en milieu d'après-midi.
Ayant réalisé qu'il avait perdu un bijou sur les lieux de l'agression, il est revenu avec trois amis et une nouvelle bagarre a suivi, au cours de laquelle, toujours selon la police, deux autres jeunes Juifs ont été blessés.
La dernière bagarre rue Petit, où Rudy a été blessé, s'inscrit dans la suite de ces événements. Le jeune homme semble avoir été impliqué dans cette bagarre et il n'aurait pu s'échapper, serait tombé entre deux voitures, avant de subir un passage à tabac très violent.
La mère de Rudy, Corinne, s'est exprimée sur RTL mercredi pour nier ces conclusions provisoires de l'enquête.
"Ce qui m'a choqué d'abord, c'est que mon fils n'est pas un voyou, je lui ai inculqué des règles, des valeurs, il a des amis de toutes races. Donc de dire que mon fils fait partie d'un groupe : impossible. Je respecte le procureur de la République mais de dire que Rudy n'était pas seul, ça, je ne crois pas", a-t-elle dit.
"C'est un jeune de 17 ans qui est sorti un samedi après-midi parce qu'il faisait beau, c'est ce qu'il faisait régulièrement le samedi. Est-ce qu'on l'a frappé parce qu'il avait sa kippa ? Ça, je ne sais pas", a-t-elle dit.
La version présentée par le parquet et la police n'est pas celle des associations confessionnelles juives et des principales personnalités politiques, notamment Nicolas Sarkozy, qui ont parlé de l'agression d'un homme seul, motivée uniquement selon eux par le fait qu'il portait une kippa.
Rudy: "mon fils n'est pas un voyou" (mère)
Source : AFP, le Figaro, le 25/06/2008
Corinne, la mère de l'adolescent de confession juive grièvement blessé samedi à Paris au cours d'affrontements a déclaré aujourd'hui aux micros de RTL et de France info que son fils n'était "pas un voyou".
"Ce que j'attends de la justice, c'est qu'on attrape les gens qui l'ont agressé, ceux qui ont sauté sur lui, ceux qui ont donné des coups de bâton ceux qui ont voulu le tuer", a-t-elle dit.
"Il peut y avoir des bagarres, il y a toujours des petites bagarres, mais là ce n'est pas une bagarre, c'est une agression, on a voulu tuer mon fils, ça c'est clair", a-t-elle conclu.
Agression de Rudy H. : le procureur retient "l'antisémitisme par incidence"
LE MONDE | 25.06.08 | Extrait
"C'est un antisémitisme par incidence, a justifié M. Marin. On ne retient pas une volonté d'agresser particulièrement une personne d'origine juive mais un membre de cette bande de jeunes juifs". Lors de l'agression, a-t-il précisé, "des insultes antisémites ont fusé, de même que dans les autres bagarres des insultes racistes". Dans cette histoire, a-t-il conclu, "on est dans des affrontements sur un territoire petit entre bandes communautaires. On ne sait pas qui a commencé".