« Les clandestins ne seront pas détenus plus de 32 jours, selon Hortefeux | Les cinq suspects libérés dans l'affaire des Buttes-Chaumont » |
Les experts judiciaires estiment Jérôme Kerviel sain d'esprit
PARIS (Reuters) - Jérôme Kerviel, l'ex-trader auquel la Société générale impute une perte de 4,9 milliards d'euros, est sain d'esprit et donc accessible à une sanction pénale, ont déclaré les experts psychiatriques désignés par les juges d'instruction.
Ces experts ont conclu que le discernement du jeune homme n'avait été ni "altéré" ni "aboli" lorsqu'il a engagé quelques 50 milliards d'euros sur des contrats à terme, ont conclu ces experts, selon des sources concordantes ayant accès au dossier. Elles ont confirmé à Reuters une information du Parisien.
Son intelligence est jugée légèrement supérieure à la moyenne et les experts estiment qu'il a agi avec le moteur de l'ambition professionnelle et le besoin de reconnaissance.
"Ce rapport met à mal les accusations de la Société générale qui le décrivaient comme un fou furieux, un dépressif et un terroriste", a déclaré à Reuters Christophe Reille, qui agit comme porte-parole de la défense de Jérôme Kerviel.
Contacté par Reuters, l'avocat de la Société générale, Me Jean Veil n'a pas souhaité réagir.
Libéré le 18 mars dernier de prison après 38 jours de détention, Jérôme Kerviel est le seul mis en examen de cette affaire pour "faux, abus de confiance" et intrusion informatique. Cette expertise rend quasi-inéluctable son jugement en correctionnelle.
Les juges Renaud Van Ruymbeke et Françoise Desset ont presque achevé leurs investigations, dont ils devraient officiellement notifier la fin dans les prochaines semaines. Compte tenu des délais de règlement final du dossier et d'audiencement, le procès ne se tiendra pas avant l'année prochaine.
Jérôme Kerviel a reconnu lors de l'instruction avoir pris des engagements dépassant largement les 125 millions d'euros théoriquement autorisés, tout en les dissimulant par des faux, mais a assuré que cette pratique était courante et que sa hiérarchie fermait les yeux.
Des investigations à la banque et des témoignages, notamment d'employés du "gendarme" financier du marché de produits dérivés Eurex, ont montré que les procédures de contrôles avaient été défaillantes et que la Société générale avait ignoré ou omis de tenir compte d'avertissements répétés - un rapport interne à la banque a parlé de 74 alertes - sur les engagements de son trader.
C'est la banque qui a provoqué directement la perte de 4,9 milliards d'euros en liquidant entre le 21 et 23 janvier, en plein "krach" boursier mondial, les engagements de 50 milliards d'euros. L'enquête a montré que ces agissements de Jérôme Kerviel duraient depuis plusieurs années et avaient rapporté à la banque 1,4 milliard d'euros le 31 décembre 2007.