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« Maintenant, on discute avant de faire grève », selon Claude Guéant
PARIS (AP) - Au lendemain de la floraison de critiques du PS et de la pique de Nicolas Sarkozy sur les grèves dont plus "personne ne s'aperçoit", la gauche et François Bayrou ont critiqué dimanche ces propos jugés provocateurs ou diviseurs.
Le porte-parole du Parti socialiste Julien Dray a ainsi dénoncé des "déclarations infantiles" tenues lors d'un conseil national de l'UMP à Paris qui "a visiblement tourné à la réunion de joyeux drilles".
Alors que le PS a été jugé samedi "ringard" et qualifié de "cimetière des idées mortes", Ségolène Royal, qui avait estimé que M. Sarkozy n'a joué aucun rôle dans la libération d'Ingrid Betancourt, s'est vue doter par Christian Estrosi de "l'humanité d'un bigorneau". Enfin, le chef de l'Etat a lui-même lancé: "Désormais, quand il y a une grève en France, personne ne s'en aperçoit".
"On peut comprendre que le jour, un samedi, et l'ambiance estivale du mois de juillet aient contribué à cette multiplication de comportements et de déclarations infantiles", note M. Dray dans un communiqué, jugeant que les "déclarations triomphantes" de M. Sarkozy sur les grèves donnent "toute la mesure de la manière dont il conçoit le dialogue social". Et d'avertir: "Qu'ils prennent garde, car comme on dit dans les cours de récréation: rira bien qui rira le dernier".
Pour le PCF, cette "provocation présidentielle" montre que "Nicolas Sarkozy est le président d'un camp contre l'autre, celui du patronat contre les salariés". "Cette nouvelle attaque contre les salariés ne fait que confirmer le manque total de crédibilité du discours présidentiel sur le progrès social", estime le Parti communiste dans un communiqué.
Pour François Bayrou, la sortie du chef de l'Etat sur l'inefficacité des grèves, il prononce "une phrase d'humiliation, une phrase de cour de récréation dans laquelle on roule des mécaniques, comme on dit". "C'est grave", a-t-il dit lors de La tribune BFM/Dailymotion, en estimant qu'un chef de l'Etat ne doit pas être "le démolisseur" du projet social, mais "le défenseur".
"Quand on a humilié dans la même semaine l'armée, la télévision publique et les organisations syndicales, ça fait beaucoup pour quelqu'un dont la mission est de rassembler son peuple et je trouve de ce point de vue que les déclarations successives de Nicolas Sarkozy sont des déclarations qui tiennent de la fanfaronnade pour les unes, de la rodomontade pour les autres", a poursuivi le patron du MoDem. Et d'ajouter: "Quand on ne rassemble pas les Français et qu'on est président de la République, on ne fait pas son travail, on n'accomplit pas sa mission".
Le secrétaire général de l'Elysée Claude Guéant a pris la défense du chef de l'Etat. Ce dernier "a voulu dire que les relations sociales sont en train de changer dans ce pays", a fait valoir son premier collaborateur lors du Grand rendez-vous Europe-1-TV5Monde-Le Parisien/Aujourd'hui en France. M. Guéant a mis en avant les "négociations réelles, profondes" qui ont conduit aux réformes du contrat de travail et de la représentativité, ainsi que la loi sur le service minimum, qui "change la vie des Français".
En France, "on fait souvent grève avant de poser son cahier de revendications". "Maintenant, on discute avant de faire grève. C'est vraiment un progrès dans le dialogue social", a estimé le secrétaire général de l'Elysée.