« Carcassonne et l'affaire Rudy : il ne faut pas faire d'amalgame, selon Hervé Morin | Cambriolage chez Ségolène Royal, l'UMP ironise » |
Un incident mineur survenu le 22 octobre 2007 a pris une ampleur inattendue
PARIS (AFP) - Le procès d'une Franco-colombienne poursuivie à Paris par un sous-préfet pour outrage lors de la journée de commémoration du souvenir du résistant Guy Môquet a été l'occasion pour la défense de dénoncer les "expressions outrageantes, voire injurieuses" du chef de l'Etat.
En dix mois, l'incident mineur survenu le 22 octobre 2007 a pris une ampleur inattendue.
Ce jour-là, plusieurs dizaines de lycéens avaient manifesté devant le lycée Carnot du XVIIe arrondissement pour dénoncer "la récupération politicienne" de la mémoire de Guy Môquet, dont la lettre devait être lue dans les lycées à la demande expresse du président de la République.
Une cinquantaine de manifestants avaient ensuite prolongé leur action dans la station de métro Guy Môquet où le sous-préfet Frédéric Lacave devait rendre un hommage officiel aux résistants communistes.
Sous les huées, M. Lacave s'était adressé à Maria Vuillet, une femme venue soutenir sa fille lycéenne, et lui avait dit: "Attention, je représente la République", ce à quoi Mme Vuillet dit avoir répondu : "Oui, mais pas celle que voulait Guy Môquet".
Présent à l'audience, le jeune sous-préfet a réaffirmé avoir entendu une réponse différente: "Vous représentez l'Etat. Vous représentez Sarko. Sarko facho. Donc vous êtes facho".
Si la prévenue a répété jeudi n'avoir "jamais dit +Vous êtes facho+", sa propre fille a reconnu que des slogans "Sarko facho, le peuple aura ta peau" avaient bien été prononcés ce jour-là.
Pour Me Thierry Lévy, l'avocat de Mme Vuillet, M. Lacave "a menti grossièrement", tout comme son chauffeur qui dit avoir entendu les propos incriminés et qui selon lui est venu témoigner "en bon petit soldat".
"L'aspect politique ne peut être dissocié de l'aspect juridique", a assuré l'avocat, affirmant que M. Lacave avait "agi à la demande du préfet de région et du ministère de l'Intérieur", qui lui-même "n'agit pas sans l'accord du chef de l'Etat".
Durant les trois heures d'audience, Me Lévy a tenté de convaincre le tribunal qu'il ne pouvait condamner sa cliente alors que Nicolas Sarkozy "emploie sans cesse des expressions outrageantes, voire injurieuses, quand des personnes s'opposent à lui".
Pour l'avocat, "impossible d'oublier" en effet le "Casse-toi, pauvre con" proféré en février par le président à un visiteur du Salon de l'agriculture à Paris.
"Comment peut-on admettre que celui qui incarne la République porte si gravement atteinte à l'autorité de l'Etat et qu'en même temps il engage des poursuites?", s'est-il interrogé, jugeant "ce paradoxe inacceptable".
Stigmatisant "des témoins muets ou amnésiques" de la défense, l'avocat de M. Lacave, Me Cyril Fergon, a regretté qu'on ait cherché à atteindre, à travers son client, "un symbole de la République". Il réclame un euro symbolique.
La procureure Maud Morel-Coujard, qui "pense que la prévenue a bien prononcé (...) les paroles outrageantes", a requis une amende de 1.000 euros.
Jugement le 4 septembre.