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A Jersey, la justice traîne les pieds pour ne pas salir l'image de l'île
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A Jersey, la justice traîne les pieds pour ne pas salir l'image de l'île
Le chef adjoint de la police, chargé de l'enquête sur les sévices présumés infligés à des enfants dans un orphelinat, accuse la justice locale d'étouffer l'affaire.
Le têtu commissaire Lenny Harper malmène la réputation de Jersey
LE MONDE | 16.08.08 | 13h59 • Mis à jour le 16.08.08 | 19h14
LONDRES CORRESPONDANT
Lenny Harper ne pouvait se cacher qu'il y a un temps pour tout, même peut-être pour l'impatience. Le chef adjoint de la police de l'île anglo-normande de Jersey est chargé de la vaste enquête menée depuis novembre 2007 sur les sévices présumés infligés à des enfants au Haut de la Garenne, un établissement fermé en 1986, tour à tour orphelinat et foyer pour jeunes. Sa diligence a transformé ce fait divers monstrueux en une affaire d'Etat qui secoue ce territoire confetti placé sous la tutelle d'Elizabeth II.
Dans un mémo secret révélé le 14 août par le quotidien britannique The Times, le commissaire accuse les magistrats locaux de manoeuvrer pour étouffer son enquête. A écouter le policier, le bailli, son frère l'attorney général, et le représentant du parquet auprès de la police, les trois principaux pouvoirs de justice, s'efforcent de décourager les victimes de sévices à témoigner contre leurs tortionnaires.
Les interrogations se bousculent. Pourquoi le bailli, président du Parlement et premier juge de l'île, a-t-il ordonné récemment la libération de trois des six prévenus, alimentant les suspicions envers la détermination des autorités locales à faire toute la lumière sur les violences sexuelles et physiques perpétrées en ce lieu ? Comment Jane et Alan Maguire, anciens gérants d'un foyer auquel s'intéressait Harper, n'ont-ils toujours pas été entendus ? Aucune demande d'extradition n'a été faite auprès de la France, où le couple coule une retraite paisible. S'agit-il surtout, pour les élites de cette petite île de 90 000 habitants, où tout le monde connaît tout le monde, d'éviter un procès qui mettrait au jour d'autres affaires de moeurs classées sans suite ?
Lenny Harper soupçonne le gouvernement de Saint-Hélier, appuyé par le Jersey Evening Post, le seul quotidien du cru, de vouloir effacer cette tache sur la réputation de Jersey que constituerait la confirmation que des mauvais traitements ont bel et bien été infligés à des enfants de basse extraction.
... La centaine de victimes présumées qui se sont fait connaître sont en colère. L'association Justice for Families, qui représente les parties civiles, a demandé au ministre britannique de la justice, Jack Straw, de reprendre l'enquête en main. Invoquant l'autonomie en matière judiciaire dont bénéficie cette dépendance de la Couronne depuis huit siècles, Londres a refusé d'intervenir.