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Afghanistan : au nom du « combat contre le terrorisme »...
A Kaboul, Sarkozy demande aux soldats de «relever la tête» • Le président français Nicolas Sarkozy arrivé à Kaboul ce mercredi a demandé aux soldats français de «relever la tête», au nom du «combat contre le terrorisme», après la mort de dix des leurs dans une attaque des talibans
AFP
LIBERATION.FR : mercredi 20 août 2008
Les Etats-Unis et l'OTAN face aux questions sur leur stratégie afghane
LE MONDE | 21.08.08 | Extraits
La recrudescence des attaques des talibans contre les troupes de l'OTAN en Afghanistan, illustrée de façon spectaculaire par la mort de 10 soldats français dans une embuscade tendue à Saroubi, à 50 km de la capitale Kaboul, relance la question de la stratégie d'ensemble des Occidentaux dans ce pays, sans pour autant qu'une solution miracle ni une alternative apparaissent clairement.
Les problèmes de l'effort international en Afghanistan sont identifiés depuis longtemps : manque de coordination entre le militaire et le travail de reconstruction, manque de troupes étrangères, corruption des autorités afghanes, spectre d'un narco-Etat. Mais face à une crise qui a pris une forte dimension régionale, des questions-clés, notamment celle de savoir s'il faut entamer un dialogue avec des talibans dits "modérés", ou bien quelle stratégie déployer face à la déstabilisation du Pakistan, n'ont toujours pas trouvé de réponse cohérente.
De l'avis de nombreux experts, certaines de ces réponses ne pourront pas être apportées avant l'arrivée d'une nouvelle administration américaine.
Avec le drame survenu à Saroubi, "la France semble découvrir à son tour un conflit dans lequel les alliés de l'OTAN sont engagés depuis bientôt sept ans déjà", note l'analyste Daniel Korski, du European Council on Foreign Relations.
... Aux Etats-Unis, une certaine inquiétude gagne les milieux sécuritaires : l'Afghanistan est-il un bourbier ? En juin, pour la première fois, les pertes américaines ont été plus lourdes en Afghanistan qu'en Irak. Et la situation "va empirer dans les six prochains mois", pronostique Bruce Riedel, un ancien de la CIA spécialiste de la région, qui estime que l'OTAN est sous-équipée "en hommes et en matériel" pour résister efficacement à l'offensive de ses adversaires.
"L'OTAN est en train de perdre cette guerre", dit pour sa part Michael O'Hanlon, expert des questions de défense de la Brookings Institution à Washington.
... Le débat s'inscrit dans la perspective de la prochaine élection présidentielle américaine, mais l'idée d'un "surge" en Afghanistan (augmentation de troupes) semble faire consensus.
... Certains experts, comme MM. Riedel et O'Hanlon, pensent que la "plus grande faute" stratégique commise par Washington a été de "ne pas avoir bâti une armée afghane" aux capacités adéquates. Le secrétaire américain à la défense, Robert Gates, s'est déclaré convaincu, la semaine dernière, de l'importance de disposer d'une force locale, loyale et bien équipée. "S'il faut 10 milliards de dollars par an durant plusieurs années pour former et équiper une armée afghane, cela coûtera toujours moins cher que d'accroître massivement le contingent de l'OTAN, et c'est l'option politique la plus efficace pour stabiliser le pays", commente O'Hanlon. Les pays de l'OTAN, dit-il, doivent s'en donner les moyens.
... Et "tant qu'un nouveau président américain ne mènera pas une politique émancipée de l'héritage Bush, assimilé par les Pakistanais au soutien au régime du général Musharraf, il sera impossible de les convaincre que la lutte contre les islamistes est leur propre intérêt", ajoute M. Riedel.
Hommage aux soldats: «Sans carton d'invitation, on n'entre pas !»
LIBERATION.FR : jeudi 21 août 2008, extraits
«Le citoyen lambda est systématiquement refoulé à l’entrée. Faut avoir une invitation officielle pour rendre hommage à des soldats morts pour la France… C’est quand même fou» s’étonne Hélène. Plantée sur le trottoir, face à l’entrée des Invalides, elle observe depuis plus d’une heure le manège des voitures officielles. Et surtout le va-et-vient des personnes voulant assister à la cérémonie. «Il y a quelques minutes, une femme, complètement hystérique, s’est jetée sur les policiers pour essayer de passer. Apparemment, elle était de la famille d’un des soldats tués». Elle ne parviendra pas à rentrer.
Manque de tact
Les ordres sont les ordres. Les bras en croix, les agents de la police nationale sont intraitables. «Personne n’entrera sauf si vous avez un carton d’invitation». La formule blesse. Elle n’est pas du goût de ce jeune homme venu rendre hommage à un ami d’enfance tué lors de l'embuscade à l'est de Kaboul. «Il était parti pour une mission de trois semaines. Il devait rentrer dans quelques jours…» Visiblement ému, il regrette l’intransigeance des forces de l’ordre et leur manque de tact. «Carton d’invitation? On croirait qu’il parle d’un gala ou autre fiesta.»
... 11h15, quelques minutes avant le début de la cérémonie: un ordre reçu dans l’oreillette, et voilà les policiers qui baissent la garde, permettant l'accès à la cour d’honneur. Le laissez-passer durera, en tout et pour tout, cinq minutes. Le temps de permettre à une cinquantaine de personnes de rentrer. Les autres resteront derrière les grilles pour des raisons de sécurité.
«Et voilà, si on était arrivé plus tôt... Pas de chance» peste Chantal. De passage à Paris, elle a eu envie de venir «pour voir». Pas «par voyeurisme», non, mais pour apporter son soutien aux familles des soldats. «Mon fils est sapeur pompier, c’est un métier à risque aussi. Mais, on a beau le savoir, on se dit toujours que ça va aller, qu’il n’arrivera rien…»