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Kafka pornographe ? Les universités en émoi
Porn claims outrage German Kafka scholars
The Guardian, Friday August 15 2008, excerpt
The German-speaking world of Kafka scholars hit out yesterday over a British academic's claims that the writer had a penchant for hard porn.
James Hawes, a Kafka expert and novelist, claims in his book Excavating Kafka, published in Britain yesterday, that the writer was a subscriber to upmarket pornography. Furious German academics reacted by accusing Hawes of prudishness, sensationalism and even antisemitism.
Kafka pornographe ? Les universités en émoi
LE MONDE | 20.08.08 | Extrait
En Angleterre, on l'appelle déjà "l'affaire K" : une polémique qui ferait sourire si elle ne plongeait pas dans l'émoi la plupart des universitaires et spécialistes de Franz Kafka (1883-1924), dont on fête le 125e anniversaire de la naissance à Prague. "L'affaire" a commencé le 7 août avec la sortie en Grande-Bretagne d'un livre de James Hawes intitulé Excavating Kafka. Dans cet ouvrage publié aux très sérieuses éditions londoniennes Quercus, James Hawes - diplômé d'Oxford actuellement professeur de "creative writing" à Oxford Brookes University - s'emploie à dynamiter la quasi-"image pieuse" qui entoure selon lui l'auteur de La Métamorphose.
En particulier, il entend révéler au grand jour un "penchant" méconnu de Kafka pour ce qu'il appelle "la pornographie, purement et simplement". Pour cela, Hawes produit des textes dénichés à la British Library de Londres et à la Bodleian Library d'Oxford, dont certains publiés dans un journal intime de Kafka intitulé Améthystes/Opales, et qu'il qualifie de "glauques" et "déplaisants".
"Je ne prétends pas avoir fait là une découverte, explique James Hawes dans The Guardian du 15 août, mais j'ai été choqué lorsque j'ai découvert ces documents, notamment parce que je n'en ai jamais entendu parler dans aucune biographie universitaire. Il y a chez les experts de Kafka une curieuse conspiration de la censure." Pourtant, ajoute-t-il, "nous avons affaire à un écrivain dont le moindre griffonnage, la moindre note de blanchisserie ont été passés à la loupe, pour expliquer sa psyché. Mais l'industrie Kafka ne veut pas avoir à connaître de ces "choses" qui terniraient l'image de son idole."
Du côté des universitaires, allemands notamment, la riposte ne s'est pas fait attendre. "Personne n'a jamais dit que Kafka était pur et chaste", dit le biographe de Kafka Reiner Stach, qui insiste sur l'idée que ses images "pornographiques" sont surtout des représentations mentales fonctionnant comme des jeux ou des "caricatures". Plus sévères, le biographe et critique Klaus Wagenbach ainsi que la chercheuse Anjana Shrivastava qualifient respectivement James Hawes, dans Frankfurter Allgemeine Zeitung et Der Spiegel, d'"idiot", de "prude" et de "semeur de haine"...