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Benoît XVI : « N'ayez pas peur de donner votre vie au Christ ! »
PARIS (Reuters) - Benoît XVI et Nicolas Sarkozy ont insisté vendredi sur le rôle de la religion dans la société, au risque de relancer une polémique sur la question de la laïcité, très sensible en France.
Après un entretien privé avec le pape, au Palais de l'Elysée, le président français a de nouveau défendu, devant lui, sa conception d'une "laïcité positive".
Politiques
L’Elysée en odeur de sa Sainteté
Religion. Le pape a été reçu avec faste par Nicolas Sarkozy, qui a su modérer ses envolées.
QUOTIDIEN : samedi 13 septembre 2008
Un show, un vrai, comme Nicolas Sarkozy les aime. Surtout quand il en est la vedette aux côtés du «Très Saint Père». En ce vendredi 12 septembre de l’an 2008 après JC, la cour de l’Elysée a déployé sa plus belle pompe pour accueillir la star aux chaussures vermillon du catholicisme : sa Sainteté le pape Benoît XVI. Devant les portes du palais se pressent des militaires au cheveu ras, des prélats en soutane de tradis, des popes cintrés dans leur cape noire, des barbes et kippas, la môman «Dadu» du Président avec blondin Sarkozy n ° 2 (Pierre), des nuées de cardinaux et évêques calottés, des curieux qui se signent derrière des barrières, etc.
Benoît XVI : "N'ayez pas peur de donner votre vie au Christ!
lefigaro.fr, 13/09/2008, extrait
MINUTE PAR MINUTE - Le Pape célèbre une messe géante devant une foule de 200 000 personnes rassemblée sur l'esplanade des Invalides à Paris. Suivez les temps forts en direct sur lefigaro.fr.
11h19 : Le Pape présente à la foule l'ostie qui symbolise le corps du Christ. Il donne ensuite la communion à une poignée de fidèles sélectionnés à l'avance. Les prêtres qui l'accompagnent vont de leur côté à la rencontre de la foule. Depuis trois mois Benoît XVI a choisi de donner directement l'ostie "dans la bouche" des communiants. Mais celle-ci peut aussi être reçue dans la main, selon la volonté de chacun.
11h18 : Les fidèles échangent un "signe de paix" en se serrant la main ou en s'embrassant.
Point de vue
Nous ne sommes pas tous papistes, par Irène Droit
LE MONDE | 12.09.08 | Extrait
L'évêque de Rome était attendu en France vendredi 12 septembre. A cette occasion, il n'est pas interdit de rêver d'un changement. Non pas un changement dans le discours séculaire des papes, bien sûr - cela, il n'y a plus beaucoup de naïfs sur la Terre habitée pour en rêver - mais un changement chez les autres, chez ceux qui l'accueillent ou répercutent l'événement auprès de 60 millions de consommateurs potentiels de fait religieux.
Non seulement on est en droit d'en rêver, mais on est même, je crois, en devoir de l'exiger. Car jusqu'à présent, à chaque fois que l'actualité remet à la "une" les faits et gestes d'un pape, quel qu'il soit - tout se passe comme si notre pays était instantanément frappé d'aberration collective. Comme s'il n'était pas de bon ton d'être neutre et objectif. Comme si l'infaillibilité autoproclamée méritait un traitement à part.
Qu'un pape apparaisse, et aussitôt même les médias habituellement les plus respectueux de la déontologie journalistique en perdent leur latin, si j'ose dire. ...
Point de vue
Lettre au Parti communiste français, par Olivier Besancenot
LE MONDE | 12.09.08 | Extrait
Chère Marie-George, chers camarades,
En cette rentrée marquée par une situation difficile pour l'ensemble du monde du travail et de la jeunesse, nous tenions à nous adresser à vous à la veille du grand rassemblement populaire qu'est la Fête de L'Humanité.
Nous nous côtoyons régulièrement dans les résistances et dans de nombreux combats politiques. Suffisamment pour bien connaître nos accords et nos divergences. Sur le terrain politique, nos alliances et notre stratégie ne sont pas les mêmes et nous amènent à marcher séparément. Pour autant, c'est le plus souvent ensemble que nous avançons dans les manifestations pour défendre les droits des exploités et des opprimés. ...
PARIS (Reuters) - Benoît XVI et Nicolas Sarkozy ont insisté vendredi sur le rôle de la religion dans la société, au risque de relancer une polémique sur la question de la laïcité, très sensible en France.
Après un entretien privé avec le pape, au Palais de l'Elysée, le président français a de nouveau défendu, devant lui, sa conception d'une "laïcité positive".
Il est "légitime pour la démocratie et respectueux pour la laïcité de dialoguer avec les religions", a-t-il dit en présence de plusieurs centaines de personnalités religieuses et politiques, dont le maire socialiste de Paris, Bertrand Delanoë.
Les religions, dont le christianisme, sont "des patrimoines vivants de réflexion et de pensée, pas seulement sur Dieu mais aussi sur l'homme, sur la société", et même sur "la nature et la défense de l'environnement", a-t-il poursuivi.
Ce serait une "folie" et "une faute contre la culture et contre la pensée" de s'en priver, a-t-il ajouté. "C'est pourquoi j'en appelle une nouvelle fois à une laïcité positive (...) Une laïcité qui respecte, une laïcité qui rassemble, une laïcité qui dialogue et non une laïcité qui exclut et qui dénonce."
La "doctrine sociale de l'Eglise" est "en parfaite résonnance" avec les enjeux de l'économie mondialisée et il faut entendre ce qu'elle a à dire à ce sujet, a estimé le président.
Il a fait valoir que l'Eglise n'avait de cesse de défendre la "dignité humaine" et a justifié au nom de cette dignité des personnes le Revenu social d'activité, qui fait grincer bien des dents dans sa majorité, la création d'un contrôleur général des prisons ou sa politique d'immigration.
De même, les questions de bioéthique "ne peuvent rester l'affaire des seuls experts", a-t-il dit. Il a annoncé que les "traditions religieuses et philosophiques" seraient invitées à participer l'an prochain aux Etats généraux de la bioéthique.
La quête de spiritualité n'est un danger ni pour la démocratie, ni pour la laïcité, a insisté le chef de l'Etat, qui a cependant évité d'user de formules par trop provocantes aux oreilles des tenants d'une laïcité stricte.
"RACINES CHRÉTIENNES"
Le 20 décembre 2007, dans un discours au palais de Latran à Rome, il n'avait pas pris de tels gants pour évoquer sa conception de la "laïcité positive".
"Dans la transmission des valeurs et dans l'apprentissage de la différence entre le bien et le mal, l'instituteur ne pourra jamais remplacer le curé ou le pasteur", avait-il alors lancé.
Rien de tel cette fois, même s'il a de nouveau évoqué les "racine chrétiennes de la France" - "Oui, la France est multiple (...) mais nous assumons nos racines chrétiennes".
"L'histoire suffit à le montrer", a répondu en écho Benoît XVI qui lui a apporté implicitement son soutien en plaidant pour "une nouvelle réflexion" sur "le vrai sens" de la laïcité".
Le pape a jugé "fondamental" d'insister sur la distinction entre le politique et le religieux pour "garantir aussi bien la liberté religieuse des citoyens que la responsabilité de l'Etat envers eux".
Mais il est tout aussi fondamental de "prendre une conscience plus claire de la fonction irremplaçable de la religion pour la formation des consciences et de la contribution qu'elle peut apporter (...) à la création d'un consensus éthique" dans la société, a ajouté le souverain pontife.
Venu de la gauche, laïc et agnostique déclaré, le secrétaire d'Etat à la Prospective, Eric Besson, n'a rien trouvé à redire au discours du président de la République.
"Ce qu'a dit Nicolas Sarkozy me convient parfaitement", a-t-il dit à des journalistes à l'issue des deux allocutions. "Si on veut lutter contre ce que certains ont appelé le choc des civilisations, il faut absolument dialoguer avec les religions."
Le chef de l'Etat a offert à Benoît XVI une édition originale du recueil des "Lettres provinciales" de Pascal, une lithographie de Belliard représentant Mozart, l'un des compositeurs préférés du pape.
Avant lui, les présidents Valéry Giscard d'Estaing, François Mitterrand et Jacques Chirac avaient aussi reçu, en leur temps, le pape à l'Elysée.